dimanche 18 avril 2010

Éloge de la lenteur

Je pense qu'il y a un livre qui s'appelle comme ça, mais je ne l'ai pas lu. Je trouvais que ça faisait un titre approprié pour vous expliquer la logique derrière la planification du voyage. « Wow ! vous partez longtemps ! », dit-on parfois. Ben oui ! On part un petit peu plus que 3 mois... La raison est simple : tant qu'à partir, partons, et profitons-en pleinement ! Si on part longtemps, ce n'est pas tellement pour voir plus, mais vraiment pour prendre le temps. Dans les faits, on verra effectivement plus que si on suivait le même parcours géographique en un mois et demi, mais de façon qualitative, et non pas quantitative.

On trouve ça important de ne pas passer partout à la sauvette, juste le temps de deux clics d'appareil photo. Ceux qui me connaissent savent que, quand je marche ailleurs qu'en ville, je peux m'arrêter plusieurs minutes juste pour attraper une sauterelle et l'observer, ou contempler l'eau d'une rivière qui vient frapper les roches et bouillonne. Pour la mer, c'est encore plus long. J'adore regarder les vagues, passer mes mains dans le sable, regarder de quoi il est fait et observer les coquillages. Sur une plage des Orcades, en Écosse, bien tard le soir (il ventait, la nuit tombait et c'était très frais), j'ai été absolument émerveillée par la tonne de coquilles St-Jacques qui jonchaient la plage. T. s'en souviendra. Je n'en n'avais jamais vu autant de toute ma vie. Évidemment, il ne faut pas être trop pressé...

Geneviève fait de la photo et ça prend du temps. Elle est bien capable de s'étaler de tout son long dans le gazon pour arriver à prendre la feuille de telle couleur sous le bon angle, celui qui fait que c'est pas juste une bonne photo, mais une excellente photo. Moi, j'aime bien prendre du temps pour dessiner. Ça aussi ça prend du temps.

Toutefois, n'allez pas croire que c'est juste une question de sauterelles, de vagues et de nuages. C'est aussi une question de rythme de déplacement et de rencontres. Les gens qui partent à voile en parlent souvent. À ce sujet, si vous cherchez de la lecture inspirante, je vous recommande chaudement La V'limeuse. Ça a changé ma vie. (Merci spécial à Geneviève et Robert.) Les lieux et les gens s'apprivoisent. De la même façon qu'on n'apprend pas à connaître une personne en 2 minutes, je pense qu'on est difficilement en mesure d'apprécier "x" ou "y" lieu dans un passage éclair...

Quand je me rends à l'université à vélo, c'est vraiment facile de descendre l'avenue du Parc. C'est pas compliqué, le vent rentre dans mon casque et j'ai les cheveux dans le vent. Une fois, j'avais accroché un portfolio sur mon sac à dos, parce que j'avais un TP à rendre ce matin-là et que je ne voulais pas le plier. Je me sentais comme un cerf-volant, c'est dire l'inclinaison de la pente. Quand je reviens par là, le soir, je sue. J'ai chaud, pis je peste, parce que c'est dur et que ça monte pas vite, en première vitesse. Récemment, j'ai compris que c'était totalement inutile d'essayer de monter à toute vitesse comme les pros qui font le tour de France. Ça sert vraiment à rien, parce que je n'ai pas monté le tiers de la côte que j'ai déjà la langue à terre. Non, la solution, c'est juste de monter bien tranquillement, un coup de pédale à la fois. Finalement, l'unité de base qui me permet d'avancer sur cette terre et dans la vie, c'est pas le mètre parcouru, mais plutôt le pas ou le coup de pédale. La distance parcourue avec chacun est inégale, mais, finalement, est-ce que c'est bien grave ?

Longue vie aux tortues.
Finalement, de Lafontaine avait raison.


Aimée

2 commentaires:

  1. WoW! Je suis vraiment impressionnée!!

    Aimée, ton texte est très inspirant!!

    Je vous imagine très bien toutes les deux, avec vos bagages sur le dos et des étoiles dans les yeux... Je m'imagine aussi passer l'été à la recherche d'une connexion internet pour suivre vos péripéties...

    Je suivrai vos pas en pensée...

    Je vous aime très fort!

    Chantal XXX

    P.S. Connaissant le talent de Geneviève pour la plume, et découvrant le tien, aimée; je pense qu’à votre retour, il faudra vous mettre à l’écriture pour nous écrire un livre…

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  2. Je partage totalement ce goût pour profiter pleinement et tranquillement de chaque chose(végétal, animal ou personne . . . ou instant, lieu, nuage). J'ai vu ainsi les USA par petits bouts, pour 5 semaines à chaque fois. Et ainsi je parcoure mon jardin, instinctivement sans faire de bruit, pour ne pas déranger les petits animaux ... et presque les petites feuilles ;-)) - Oui, éloge du temps pris, du peu à peu.

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