Nous sommes maintenant à Montréal depuis jeudi dernier. Aujourd'hui on est dimanche et il est 5h20 du matin. C'est ça, le décalage horaire. Notre premier matin à Montréal, on s'est levées à 5h15 pour faire du ménage et se réapproprier notre appartement!
On ne vous a pas raconté grand chose de la fin du voyage ! J'y vais dans le désordre, mais vous suivrez quand même, n'est-ce pas ? Vous pardonnerez nos silences de plusieurs jours, je l'espère. On a plein de choses à vous raconter et Geneviève est en train de préparer des statistiques intéressantes, dont on vous présentera un échantillon prochainement... Ça, c'est en plus des photos qui s'en viennent ! Bref, ne désespérez pas... Enfin, trève de promesses, je vous raconte notre retour !
On a quitté l'appartement de Camille et Cindy, dans la banlieue sud de Paris, pour l'aéroport Paris-Orly, aussi au sud de Paris, vers midi moins quart. On a traîné nos monstres de sacs sur les étroits trottoirs, attirant les regards perplexes des gens qui jasaient devant chez eux, travaillaient à rénover des façades ou allaient tout bonnement acheter leur baguette du matin (ou des petits pains au chocolat, la-laï-la-laï-la ! Aimée est incapable de dire "pain au chocolat" sans la suite msicale!). Pendant le trajet de bus, une station blanche a omis de faire son angle mort et a failli nous rentrer dedans. Dans le bus, les passagers retenaient leur souffle jusqu'à ce que le chauffeur décide de klaxonner. Ça s'est passé un peu au ralenti. Sous l'effet du coup de klaxon, la station blanche s'est replacée dans la bonne voie. Soupirs et jurons de soulagement dans le bus.
À Orly, on a cherché un peu et attendu pas mal. Dans un souterrain menant à l'aéroport, on a croisé une femme mi-assise, mi-couchée par terre et à moitié endormie, avec quelques pièces devant elle. J'ai arrêté Geneviève quelques mètres plus loin, dans un tournant : « T'sais, nos cannes de pâté... Ça serait quand même mieux que de les jeter, hein ? » En faisant nos sacs une ultime fois, on n'avait pas pensé à nos conserves de pâté. On les avait prises pour la randonnée en Bretagne, laquelle a été écourtée pour cause de foulure de cheville. On n'avait jusque-là plus pensé à ces conserves, jusqu'à ce qu'on soit dans le bus et qu'on constate qu'il faudrait les jeter, parce que ça serait un maudit paquet de troub'e pour passer aux douanes canadiennes. Je les sors du sac de Geneviève et je prends aussi la conserve de keftas de sardines qui nous reste du Maroc. Je vais les lui donner. Le sourire que j'ai reçu en échange, je ne l'oublierai pas. J'ai cru entendre un "inch Allah" à travers une bénédiction en arabe. C'est resté un de mes plus vifs souvenirs de la fin du voyage. Je sais pas si vous le savez, mais en ce moment, c'est le Ramadan. C'est apparemment la période religieuse la plus importante de l'Islam. Ça s'étire sur un mois et c'est l'occasion de nombreuses festivités et rencontres. Être sans-abri pendant le Ramadan, ça doit être à peu près la même chose que d'être sans-abri à Noël.
On a pris l'avion : 7h10 de vol. J'aime pas prendre l'avion. L'atterrissage s'est fait vers 17h30. Une heure plus tard, on retrouvait nos familles. Entre temps, j'ai dû présenter des explications sur le bout de corne de chèvre que je ramenais, oui, de la corne de chèvre... J'avais ramené une flûte berbère à Geneviève. Y'avait un bout de corne de chèvre dessus... C'était une demie surprise (elle savait qu'il y avait une surprise, mais elle ne savait pas quoi). Surprise bousillée. Les douaniers ont quand même été gentils, Geneviève a pu avoir sa flûte.
Vers la Bretagne
En quittant Lyon (vous vous souvenez ? Lyon, on vous en a parlé !), on s'en allait vers la Bretagne. Je sais pas si vous visualisez les points sur la carte, mais ça revient grosso modo à traverser les trois quarts de la France. À Lyon, on cherchait le moyen le plus économique de se rendre. On a considéré le co-voiturage, mais pas de téléphone portable, c'est vachement compliqué. On a fini par opter pour un trajet de train bizarrre : Lyon-Tours, Tours-Nantes, pause d'une nuit, Nantes-Quimper, Quimper-Brest ! Tout ça en TER (les trains pas rapides, qui sont aussi, sans surprise, les moins chers). Entre Lyon et Tours, on a eu droit à un contrôle d'identité par les gendarmes, puis aux chiens qui cherchaient manifestement du kiff (du pot, en d'autres termes). Dans le wagon d'à côté, une fille s'est fait prendre avec son petit ziploc. À la gare suivante, la gendarmerie, qu'on a vu agir de façon très professionnelle et sans abus, a débarqué la prise du jour : 3 ou 4 personnes. L'épisode m'a fortement marquée. On a réalisé que si quelqu'un avait eu quelque chose à cacher, que nos packsacs auraient été une cible facile, parce qu'on ne les avait pas à l'oeil. Voyez-vous, c'est difficile de caser deux sacs de 60 litres dans un train pas mal plein tout en les ayant à l'oeil. Bref, ils voyageaient souvent un wagon avant ou après nous.
À la gare de Brest, Christine nous attendait. Elle nous a fait faire un petit tour de la ville, puis on est rentrées chez elle et on a fait connaissance avec Alain, son mari, et Marion, leur fille aînée. Pour la première fois depuis des mois, on a entrevu le téléjournal. En trois mois, j'ai lu un seul journal (Monde diplomatique, en attendant Caroline à la gare de Casa) et pas regardé la télé. On a soudain eu l'impression que le monde s'écroulait. Incendies en Russie, inondations au Pakistan, etc. Être remis en contact avec le téléjournal après plusieurs mois d'ignorance de ce qu'on appelle pompeusement « l'actualité » donne vraiment un petit frisson surréaliste. On a soupé, on a parlé, on a regardé des photos et des dessins. Eux aussi ont voyagé pas mal et on a pu échanger sur le Maroc et le Québec. Apparemment, la Jordanie, c'est très intéressant aussi. Le lendemain, on a pique-niqué sur une grève près de Brest. Il faisait très soleil. Alain a fait goûté une palourde crue à Geneviève, qui a trouvé ça gluant. Le soir, on a mangé des crêpes, bretonnes, évidemment ! L'accueil de Christine et de sa famille a été chaleureux. Vive CouchSurfing.
On a quitté Brest pour Roscoff, où nous attendait Gurvan. Roscoff est une ville où une proportion importante [Geneviève, quels sont les chiffres exacts ? - 300 personnes y travaillent pour une population de 3000 personnes] de la population travaille au centre de recherche scientifique (biologie marine, si j'ai bien compris). Gurvan y travaille. Roscoff a du charme avec son port, sa vieille église et ses maisons de pierre. Même le centre de recherche est beau. Roscoff a été notre point de départ pour partir rouler (on a loué des vélos, pour mon plus grand bonheur !) sur l'île de Batz, en face de la ville. On mettra des photos. Il y a des champs, presque pas de voitures, de très jolies maisons et la mer. Et beaucoup de touristes aussi, mais ça, on n'y échappe pas souvent. De Roscoff, on est aussi parties faire un tronçon de GR34, qui est un sentier côtier. On était parties pour 3 jours, mais à la deuxième journée, au matin, Geneviève s'est foulé la cheville sur une dénivellation de 3 cm... allez, peut-être 4 et demi. On a vu tellement plus rocailleux et pentu comme sentier, et c'est là qu'une cheville se tord ! C'est un peu absurde, mais l'absurdité à du bon. Sur la côte bretonne, près de Moguériec, il y a des maisons partout. Je n'ai eu qu'à marcher quelques minutes pour parler à Mme Le Duc, qui m'a permis de laisser un pack sac chez elle en attendant que je revienne avec Geneviève et l'autre pack sac. En émoi, Mme Le Duc a même appelé son voisin, un Breton bien bâti, qui s'est amené vers nous avec ses bottes de pluie et sa vareuse rose poour proposer de transporter Geneviève : « J'ai une brouette, aussi, si vous préférez. », a-t-il proposé à la blague - blaguait-il vraiment?. On a pu appeler, un peu gênées, Gurvan, qui avait certainement beaucoup d'autres choses à faire que le taxi, mais qui est venu quand même. Ce soir là, j'ai préparé des pâtes avec une béchamel aux pétoncles (achetées dans le port, vivantes et avec les coquilles), oignons et champignons en guise de merci.
En Corse, on avait rencontré Gérard et Évelyne, deux Bretons. Gérard avait lu le blogue tout l'été et vu qu'on avait écrit à partir de Nantes. On a donc reçu une invitation pour Rennes, qu'on a acceptée avec plaisir ! On a donc pu visiter un peu le centre historique de Rennes. Géard et Évelyne m'ont montré le bâtiment où Dreyfus a été jugé et condamné, j'en ai été impressionnée. C'est pas que le bâtiment soit particulièrement impressionnant, mais surtout que j'étais comme troublée de me trouver devant ce lieu-là. Ça faisait un peu comme marcher sur les Plaines d'Abraham. En après-midi [Oups ! J'ai accidentellement publié le message... Une chance que je peux le modifier...] on est allés tous les 4 à Saint-Malo, fort jolie ville où il y a même 6 drapeaux québécois et une Maison du Québec... Sous plusieurs aspects, la Bretagne, c'était comme rentrer à la maison ! D'abord, on était, entre Brest et Rennes, « à la maison » - quel bonheur, après plusieurs semaines de nomadisme -, puis la Bretagne ressemble un peu à ce qu'on a de côtes par chez nous. Après St-Malo, on est allés sur la côte, voir la plage préférée de Gérard et Évelyne (magnifique plage très peu achalandée...) et Pointe au groin (Grouin, Aimée!), dont on a de magnifiques photos. Soyez patients. On est ensuite allés vers une ville où se fait la culture des huîtres ! À marée basse, ça ressemble vaguement aux usines de Sauron. On y a mangé des moules. Mhh. C'est bon, la Bretagne... Le beurre salé, le caramel salé, c'est ça aussi qu'Aimée aimait!
Le lendemain matin, on repartait assez tôt pour Paris. C'était déjà le 16 août. Un autre long trajet de train. On a retrouvé Camille et Cindy, qui nous avaient déjà hébergées le 17 mai, au tout début du voyage. Dans le métro, j'avais l'impression que tout recommençait. C'était comme passer « Go » au Monopoly.
Au sujet de la tour Eiffel, Geneviève m'a dit : « C'est juste un gros boutte de métal laite, pis les gens y trouvent ça beau parce qu'il sont supposés trouver ça beau. » Je n'ai pas trouvé la tour Eiffel particulièrement moche. Je ne l'ai pas trouvée particulièrement belle non plus, mais Geneviève, je l'ai trouvée vraiment drôle... Geneviève a le don d'enchanter certains moments banals et d'en désenchanter d'autres, pour mon plus grand bonheur, même si parfois on en voit de toutes les couleurs. En fait, elle les ré-enchante, à sa manière. Si Geneviève ré-enchante, moi je re-dessine. Pour son plaisir, j'ai transformé, en quelques coups de crayons, la tour Eiffel en immense girafe, en gros chat et en madame-qui-fait-tomber-tout-le-monde-par-sa-beauté. Je scannerai peut-être les dessins, si j'ai le temps. Oui!
À Paris, on aussi visité un Musée très bien fait, celui du Quai Branly. Des collections d'objets de plusieurs cultures différents y sont présentées. Dans l'exposition permanente, les objets sont organisés par continent. Le Musée est encore neuf et c'est bien fait, mais à voir autant d'objets là, on se dit qu'il doit en rester bien peu ailleurs et que les peuples à qui ça appartient doivent se sentier bien dépossédés. Il ne s'agit pas de peuples éteints (ex. : les Romains), mais de peuples qui vivent toujours. Des Yupi'it, par exemple, y'en a encore, dans le nord...
Le 18, j'avais prévu visiter le Louvre, seule. Geneviève préférait faire autre chose. Déjà, à la station de métro Palais Royal et Musée du Louvre, y'a du monde, mais quand on va vers les guichets, c'est pire encore. J'ai vu de loooooooongues files un peu partout, aux différents poins d'entrée. « Tant pis », que je me suis dit. J'ai un peu dessiné dehors en mangeant ma demie baguette et mon chèvre, avant d'aller marcher dans le Jardin des Tuileries, juste à côté du Louvre. Dans le Jardin des Tuileries, y'a le Musée de l'Orangerie, et dans le Musée de l'Orangerie, y'a les Nymphéas de Monet... Et en-dessous des Nymphéas, à l'étage en-dessous, il y a plein d'autres tableaux... du Gauguin, Matisse, Picasso, du Douanier Rousseau, beaucoup de Derain et d'autres. Le plus merveilleux, c'est qu'il n'y a même pas de file pour rentrer et que personne ne se pile sur les pieds, une fois à l'intérieur.
Le même soir, Camille, Cindy, Geneviève et moi avons pris le métro pour les Champs Élysées. On a cru, pendant quelques minutes, qu'on ne sortirait jamais des labyrinthes de la station, mais, oui, on a fini par sortir ! Dehors, l'Arc de triomphe était beau. Les spots l'éclairaient et la nuit était encore d'un beau bleu, entre le marine et le cyan. Un beau jaune nuit sur un beau bleu nuit, c'est beau. En descendant les Champs Élysées (et non pas sur la colline), j'ai sifflé la chanson du même nom. (Avez-vous vu le jeu de mots ? Oh que je me trouve drôle, à 7h15 ce matin...) Paris la nuit, c'est tranquille. On a vu l'ombre d'une statue de Charles de Gaulle marcher sur la façade d'un bâtiment célèbre et important, je ne sais plus lequel - Le grand Palais. Paris la nuit, c'est une autre perspective. La tour Eiffel est moins laide une fois illuminée ;)
Aimée
Je peux comprendre Geneviève pour la Tour Eiffel bien que je ne l'aie jamais vue...
RépondreSupprimerJ'ai hâte d'entendre les la-lai des petits pains au chocolat... et de voir les dessins de la Tour Eiffel améliorée...
J'ai bien aimé le Passer Go du monopoly!!!
Les filles, vous êtes extraordinaires!!!
Maman, XXX
Je suis tout à fait de l'avis de votre maman. Vous êtes extraordinaires. Et un gros merci de m'avoir permis de voyager un peu dans vos bagages au cours de l'été.
RépondreSupprimerPôpa XX
Alors, j'ai quelques questions et remarques:
RépondreSupprimer1) vous ne vous leviez pas à 5h15 chez nous, j'aurais du vous réveillez avant de partir en cours!!!
2) je vous l'avais bien dit que partir avant 12h c'était trop tôt pour l'avion (et dire que vous vouliez partir à 11h!!)
3) qu'est ce qu'une "station" blanche?
voiture? camionnette? autre?
J'ai parlé de vous dans ma formation car on m'a questionné sur l'orange-cannelle-menthe; au final, les gens trouvait ça bizarre d'héberger des "inconnues", mais moi j'ai trouvé ça très cool de vous accueillir :)
En tout cas, j'espère que votre retour s'est bien passé et peut être à bientôt...
Cindy
Contente d´apprendre que vous êtes bien rentrées ! Vos péripéties m´ont bien fait rigoler. Il faudra imprimer votre blog, ca pourra vous servir d´album photo (j´ai une amie qui a fait ca, il parait que ca sort bien)
RépondreSupprimerBises a toutes les deux !
Cecile