dimanche 21 novembre 2010
Ici et maintenant
mercredi 6 octobre 2010
Début d'ébauche de conclusion
mardi 21 septembre 2010
Encore des chiffres!
Mare e Monti 2010, c'est
95 jours
3 avions
5 bateaux
18 trains
23 autobus
12 taxis
3 pays
7 langues
36 lits
64 villes et villages
16 1/2 jours de randonnée (la 1/2 c'est quand je me suis foulé la cheville!)
Geneviève
mercredi 15 septembre 2010
Wow! C'est un beau voyage, mais je n'ai pas d'argent pour faire ça!
On souhaitait faire un article sur le budget de voyage. Pourquoi? Pour la phrase que j'ai mise dans le titre. Partir trois mois, ça peut faire peur au porte-feuille. Mais une fois rendues ici, quand on disait combien ça nous avait coûté, on avait des réactions comme « Mon ami est parti une semaine et ça lui a coûté seulement la moitié du prix de votre voyage! » Partir plus longtemps ne coûte pas nécessairement beaucoup plus cher, surtout pas à la journée! (Ça dépend bien sûr de la façon de voyager.) Ce qui est cher, c'est le billet d'avion, alors aussi bien rester là-bas longtemps pour le rentabiliser! Je vous met un premier graphique qui montre nos dépenses en fonction du lieu. En raison de l'organisation de notre voyage, j'ai mis la Corse à part de la France. La catégorie « France » inclut Nice et les environs au début du voyage, Lyon et la Bretagne à la fin.
En sortant ce graphique, j'ai été surprise par les proportions qu'il me donnait. C'est presque réparti équitablement même si le temps passé aux différents endroits est différent! Je vais mettre une deuxième série de graphiques, puis je ferai quelques commentaires. Ces quatre graphiques montrent la proportion de différentes dépenses selon le lieu.
-L'Espagne compte seulement pour 11% des dépenses, mais c'est cohérent, car on y a passé moins de trois semaines. On voit aussi que c'est l'hébergement qui nous a coûté le plus cher. C'était difficile de trouver des hôtels ou auberges de jeunesse à petit prix et le CouchSurfing n'a pas fonctionné.
jeudi 26 août 2010
Réflexions marocaines
Le fameux voile
Je ne parlerai pas ici du voile intégral, car j'ai moi-même du mal à me faire un opinion. Je parle plutôt du voile porté sur la tête pour cacher ses cheveux.
Chez nous, à l'extérieur du monde musulman, la question du voile déclenche les passions. Nous avons appris qu'en France, les petites filles n'ont pas le droit de le porter à l'école. Dans une société où les femmes se sont battues et se battent encore pour obtenir un statut égal à celui de l'homme, le voile est perçu comme le signe visible de l'infériorité de la femme dans la religion musulmane. Il est associé au crime d'honneur, au mariage forcé, à la soumission de la femme par son mari.
Pourtant, j'ai l'impression qu'une grande partie du problème vient de l'extérieur de l'Islam. Oublions toute la symbolique que nous attachons au voile. Les femmes n'ont pas le droit de montrer leurs cheveux en public. Et alors? Dans notre culture, il n'est pas acceptable pour une femme d'aller seins nus, tandis que les hommes peuvent être torse nu dans certains contextes. Est-ce si différent? Au Sénégal, j'ai vu des femmes qui passaient leurs journées seins nus sans que ça ne gêne personne. Pourtant, ici, ça ne se fait pas. Qui va s'indigner que le port d'un chandail est une obligation imposée par les hommes et qu'elle montre la domination de l'homme dans la culture occidentale? Mais personne! Obligeons les femmes à cesser de porter un chandail et elles se sentiront nues, exposées au regard. Cela ne doit pas être si différent par les femmes immigrantes à qui on retire le droit de porter le voile dans certains endroits publics dans certains pays comme la France. Le voile est aussi un objet de coquetterie, une pièce de vêtements qui fait que la femme se sent belle, comme notre coiffure ou le maquillage, ou nos chandails et blouses... Je me suis même demandé si les petites filles arabes regardaient avec envie leur maman se voiler un peu comme les petites filles chez nous regardent leur maman se maquiller!
Au Maroc, j'ai donc eu l'impression que le voile en lui-même n'est pas problématique. En vase clos, il n'aurait pas à être choisi ou imposé, il serait porté comme une chose toute naturelle, comme nous portons tous nos vêtements. Je crois que les problèmes arrivent lors du choc avec la culture occidentale. Au Maroc, la culture occidentale fascine et effraie. Or, chez nous, les femmes ne portent pas le voile. C'est au contact de notre culture que le port du voile est remis en question par certaines femmes. Et c'est aussi en réaction à notre culture que le voile peut devenir une chose imposée par les hommes à leur femme ou leur fille de peur de les voir commencer à agir commes des "occidentales libérées". Le voile devient un symbole fort et commence à porter beaucoup plus que son poids...
Question de langues
LA langue arabe n'existe pas vraiment. Il y a un arabe scolaire qui est enseigné à l'école. Il y a aussi un arabe dialectal différent selon les pays et les régions. L'arabe marocain est différent de l'arabe libanais et de l'arabe égyptien. Dans certains cas, des Arabes de différents pays vont arriver à se comprendre, mais dans d'autres, ils devront utiliser l'arabe scolaire pour communiquer. Cet état est accepté, reconnu et nous a été expliqué par beaucoup de gens rencontrés au Maroc.
En me faisant répéter sans cesse par les Français rencontrés que nous avions un accent (et pas eux, bien entendu!), après que beaucoup de gens nous aient pris pour des anglophones en raison de ce même accent et après avoir écouté Bienvenue chez les Ch'tis en Bretagne, je me suis dit que le français n'est pas si différent de l'arabe. Il y a un français scolaire officiel que nous apprenons à l'école et qui est assez homogène à travers la francophonie. Il y a ensuite des français qui peuvent être très différent selon l'endroit d'où on vient. Ensuite, il est plus ou moins facile de se comprendre entre les différents français selon leur origine et la bonne volonté des locuteurs! Bref, je me disais seulement que ça devrait être officialisé et reconnu comme tel et qu'on arrête de chercher LE bon français! Les Français en France ne parlent pas mieux que nous!
Petit cochon
Pour terminer, une petite révélation cocasse que j'ai eue. Rachid, notre guide marocain, nous expliquait que les familles dans son village se gardaient souvent une ou deux chèvres ou moutons avec eux au village pendant qu'ils envoyaient le reste du troupeau dans la montagne. Ainsi, s'ils avaient besoin d'argent rapidement, ils n'avaient qu'à vendre la bête. C'est donc leur réserve d'argent. J'ai eu un éclair de génie. « Ah! C'est pour ça que nos tirelires, ce sont des cochons! C'est de là que ça vient! »
Geneviève
dimanche 22 août 2010
Montréal, 5h20 du matin
Nous sommes maintenant à Montréal depuis jeudi dernier. Aujourd'hui on est dimanche et il est 5h20 du matin. C'est ça, le décalage horaire. Notre premier matin à Montréal, on s'est levées à 5h15 pour faire du ménage et se réapproprier notre appartement!
mardi 17 août 2010
Aïcha et Fatima au pays des Berbères (suite)
Dans la vallée des Aït-Bougmez, nous avions rencontré deux Français qui habitaient au Maroc et qui y faisaient de la randonnée. Il nous restait 2 journées à remplir à la fin du voyage et nous ne savions pas exactement quoi en faire. Nous leur avons donc demandé conseil et ils nous ont suggéré un gîte en montagne dans la vallée de l'Ourika. Cette vallée est située à moins d'une heure de voiture de Marrakech. Nous avons donc contacté Rachid, le propriétaire et nous y sommes rendues en grand taxi.
Arrivées à Oulmès, un village de la vallée, nous avons rapelé Rachid pour qu'il vienne nous rejoindre. En effet, son village est situé dans la montagne et nous ne pouvions nous y rendre seules. Il nous dit "Je viens. Ca prendra entre 1h30 et 2h." Nous nous installons donc dans un petit casse-croûte et nous prenons une boisson gazeuse chacune. Il y a du trafic dans ce petit village! C'est que la vallée de l'Ourika est près de Marrakech et il y fait beaucoup moins chaud. Les gens y viennent prendre le frais et se baigner en famille. En regardant passer lentement les files de voiture, nous attendons. 1h, 1h30. Ah! Un homme avec une mule! Est-ce lui? On ne dirait pas... 2h, 2h30... C'est long! Aimée va rappeler. "Ah! Je viens. Attendez-moi là sans bouger." Ils ont un peu de mal à se comprendre au téléphone, car Aimée doit insérer une pièce chaque 15 secondes. Cling! Cling! Elle perd 3 mots chaque fois! On se fait regarder croche par le patron du casse-croûte, alors on va s'asseoir au bord de la route. 3h, 3h30. Aimée est découragée. Elle se demande si on s'est fait avoir. Doit-on chercher un hôtel? Ceux du coin ont l'air miteux! Retourner à Marrakech? Non! Devant son désespoir, je propose de rappeler. "Je suis vraiment désolé du retard. Je suis là dans 5 minutes. Je m'excuse, c'est parce que ..." Le téléphone coupe avant que je rajoute ma pièce. Tant pis, j'ai compris l'essentiel. 10 minutes plus tard, il arrive enfin!
Avant d'entamer la marche ver le village, Rachid achète un sandwich et un Coca-Cola qu'il partage avec nous au bord de la rivière. Il nous parle un peu de lui. Rachid est un jeune homme de 35 ans qui adore son village. Sa famille y habite depuis 12 générations! Il s'y est marié et a maintenant 3 enfants. Il est allé à l'école seulement 4 ans car, à cette époque, il fallait marcher très longtemps pour s'y rendre. Le reste, français inclus, il l'a appris par lui-même. Il est très taquin et aime particulièrement agacer Aimée! Il n'est pas guide de montagne officiel, mais il nous prouve son sérieux en nous demandant quelle eau nous buvons et en nous disant qu'il nous en ferait bouillir chez lui.
On charge la mule avec nos sacs à dos, puis on commence l'ascension vers son village appelé Tizi n'Oucheg. Ca nous prendra 1h30, mais les gens du village, eux, le font en 40 minutes. La lumière du soleil qui descend révèle un paysage magnifique, entre le rouge de la terre, le vert de la végétation et le bleu du ciel. Wow!
Sur cette photo, on voit une partie du village. Tizi en berbère signifie "col".
Aimée, qui a peu dormi et peu mangé, traîne les pieds. Elle manque cruellement d'énergie, mais arrive heureusement jusqu'au village où elle se repose pendant que je vais profiter du soleil couchant pour aller prendre mes photos!
Le batiment qu'on voit est la nouvelle école. En bas, on voit des champs cultivés.
Il faisait bon se balader dans ce village où bien peu de touristes mettent les pieds! C'était beau, serein. On entendait rire, chanter dans les champs. C'était un village vraiment vivant et accueillant! Tellement accueillant qu'on a décidé d'y passer une journée entière le lendemain pour qu'Aimée puisse se reposer.
Le soir, on a fait la connaissance de la femme de Rachid, Saadiya. On a aussi rencontré ses trois enfants: Fatimsaha 10 ans, Hemza 3 ans et Mariam 1an et demi. C'était une famille vraiment charmante!
Le lendemain matin, on a fait du lavage. Fatimsaha est venue nous montrer la rivière où les femmes lavent le linge et on s'y est installées. En riant de nous, des femmes nous ont montré comment faire comme elles. C'était rafraîchissant et un bon moyen d'entrer en contact avec ces femmes qui ne parlaient que le berbère! Plus tard, quand nous sommes allées nous balader, il y avait toujours quelqu'un pour faire un bout de chemin avec nous. Une fille de notre âge nous a aussi invitées à prendre le thé. A travers nos quelques mots berbères, leurs quelques mots français et les gestes, nous arrivions à une communication très basique avec de nombreux malentendus!
Le lendemain, nous sommes parties en excursion pour 2 jours avec Rachid et Hussein, un muletier. Nous avons gravi le plateau du Yagour, 900m de dénivelé. Avec la mule qui porte les sacs, c'est quand même beaucoup plus facile! La montée a été longue, mais nous l'avons prise à notre rythme et ça s'est très bien passé. Au sommet, nous avons traversé un endroit qui sentait fort l'encens. Je ne sais pas quelle était cette plante, mais la sensation d'être dans une église en pleine nature était spéciale! Arrivés au campement, Hussein nous a préparé un tajine pendant que nous montions les tentes. Nous nous sentions un peu mal à l'aise avec le luxe d'une tente cuisine, du muletier-cuisiner et du guide pour nous toutes seules, mais c'était quand même très agréable!
Après le repas, un orage est arrivé. Nous sommes allées nous réfugier sous des rochers de la falaise. Aimée s'est même endormie en écoutant la pluie...
Après l'orage, nous sommes allés explorer ce plateau. Les gens de Tizi n'Oucheg et de plusieurs autres villages y font paître leurs moutons et leurs chèvres durant l'été. On y trouve aussi des gravures rupestres du néolithique. Ce qui est particulier, c'est que les gravures anciennes en côtoient d'autres qui semblent beaucoup plus récentes... On pourrait en faire une nous aussi! Voici quelques photos.
Des cultures en étage en contrebas. Le lendemain, nous sommes redescendus entre ces champs.
Les fameuses gravures.
En passant près d'une bergerie (enclos fermé où ils mènent les bêtes la nuit), nous avons entendu Bêêê bêêê sans voir de chèvre. Rachid nous a dit que c'était des bébés trop jeunes pour sortir qui étaient cachés et qui attendaient leur maman. Nous avons demandé si nous pouvions aller les voir. Le berger est descendu dans l'enclos, est revenu avec les deux chevreaux et nous les a mis dans les bras. Il fallait voir le visage d'Aimée à ce moment!!! Elle semblait dire "Mais, mais qu'est-ce que je dois faire avec ça moi?"
Notre tente et la tente-cuisine sur le plateau. On voit aussi les chèvres qui rentrent à la bergerie pour la nuit.
Ce soir-là, nous sommes partis avec nos sacs de couchage jusqu'au bout de la falaise où nous nous sommes installés. Le halo de Marrakech et les lumières de la vallée étincelaient. La nuit révélait aussi tous les petits villages dans la montagnes dont les timides lueurs pouvaient être confondues avec les étoiles du ciel. Moment magique.
Le lendemain, nous sommes redescendus par un autre chemin. Nous sommes passés par une zone cultivée. Nous avons goûté au fruit du noyer, ce que nous appelons la noix de Grenoble. Mais elle était toute fraîche, cueillie dans l'arbre! Le goût et la texture sont très différents! Nous avons dîné au village (tajine de chèvre, Aimée n'a pas vraiment apprécié...), puis nous sommes reparties vers la vallée.
Rachid est venu avec nous jusqu'à Marrakech, car nous n'avions pas assez d'argent pour le payer (c'était prévu d'avance). En chemin, il nous a raconté comment sa femme a accouché de leur première fille. Pour le premier enfant, les femmes de son village vont au centre de santé dans la vallée. Mais comment descendent-elles dans la vallée? A dos de mule? Mais non, nous dit Rachid, c'est beaucoup trop long et ça brasse trop? Mais alors comment? Il tapote ses épaules. Quoi, pas sur ton dos? "Eh bien on prend deux poteaux de métal qu'on fait tenir ensemble avec de la corde, on les met sur nos épaules et on met la femme dessus. Après, on part à 10 hommes et on se relaie rapidement pour ne pas se fatiguer. Et on descend en ligne droite sans se préoccuper des zigzag du sentier. En 15 minutes, on est en bas!" Oulala! On comprend pourquoi les enfants suivants naissent à la maison!
Ce soir-là, on a invité Rachid à manger une crème glacée dans la chaleur accablante de Marrakech. On a été un peu tristes de le laisser partir. Puis, on a essayé de dormir. Le lendemain, on est parties tôt à l'aéroport pour profiter de l'air climatisé. C'est ainsi que s'est terminé notre séjour au Maroc après 28 jours.
Geneviève
lundi 9 août 2010
Retour en France un peu chaotique
Après une nuit passée à Marrakech à 45 degrés et plus, nous avions quand même hâte de quitter cette ville. Quitter le Maroc nous faisait quand même un pincement au coeur. Mine de rien, on y a fait tout un bout de chemin et on en a appris des choses! Mais le billet d'avion était acheté et, de toute façon, il faut bien repartir un jour. Nous sommes donc parties vers l'aéroport d'où nous avons pris l'avion pour un vol sans histoire. C'est à l'arrivée en France (à Lyon) que ça s'est corsé...
Nous avions vérifié sur le site de l'aéroport et il devait y avoir une navette d'autobus toutes les 20 minutes. Ce qui n'était pas écrit, c'est que cette navette se termine à 23:45. Le temps de récupérer les bagages, il était 12:15... Plus de bus... Hmmm, on fait quoi? On a réservé et versé un acompte dans un hôtel en plus... Pas le choix, on va prendre un taxi... Ce taxi nous coûtera la modeste somme de 68 euros. Au Maroc, on aurait vécu au moins trois jours là-dessus!!! Bobo au porte-feuille!
Le taxi nous dépose devant notre hôtel. Quelques jours plus tôt, on a fait la réservation dans un café Internet mal éclairé. Nous avons inscrit notre arrivée pour le 5 août à 1:00 du matin et c'est pile l'heure à laquelle on arrive. Sauf que la porte est barrée et qu'il n'y a personne. C'est fermé! Ah! il y a un distributeur de clés à côté de la porte. Oups... il inscrit <>. On fait quoi? On est là au beau milieu de la nuit, sans connaître la ville et sans autres adresses... Je me rappelle la promesse faite à Annik de ne pas dormir sur un banc de parc. Sur un parvis d'hôtel, ça compte? Le problème le plus urgent pour Aimée est de trouver une toilette. Elle aborde donc un homme qui arrive en voiture, souhaitant se faire indiquer un resto 24h ou une boîte de nuit. L'homme ne connaît pas le coin, mais dort au même hôtel que nous et a les clés de la porte. Il nous laisse entrer et... on installe tout notre barda dans la salle à manger! On s'installe pour dormir sur nos tapis de sol, par terre, à côté des muffins... Heureusement, il y a aussi une toilette accessible à côté. La belle vie!
Je me réveille au milieu de la nuit avec de gros frissons. Incapable de me rendormir. Un peu plus tard, j'ai un peu mal au coeur. Je vais marcher en rond dehors, sous la bruine pour prendre l'air. Trente minutes, une heure. Je me transforme en somnambule. Je tombe finalement endormie par terre sur le parvis de l'hôtel avec mes souliers pour bloquer la porte d'entrée!
Le lendemain matin, je vais un peu mieux, mais il n'est pas question que je mange! J'ai à peine dormi deux heures. Aimée n'a presque pas dormi elle non plus. Une première femme arrive et nous demande ce qu'on fait là. Il faut attendre la troisième femme, une heure plus tard pour qu'on nous donne une chambre. L'erreur est partagée, car il était écrit en petits caractères sur le site que l'hôtel fermait à 22:00. Quand même, leurs commentaires comme
On a à peine le temps de prendre une douche, puis on part rejoindre Tancrède. Je suis fiévreuse (38,2 au thermomètre) et épuisée. On passe près de deux heures très agréables à discuter avec lui, puis je vais faire une sieste pendant que lui et Aimée vont dîner. Dormir me fait du bien et quand je me réveille, plusieurs heures plus tard, je peux envisager me nourrir un peu. Aimée me fait chauffer de la soupe. Ca y est, la fièvre tombe et je guéris. Je suis réparée, ouf!
On peut poursuivre...
Geneviève
vendredi 30 juillet 2010
Aïcha et et Fatima au pays des Berbères
Le matin, on avait quitté Le Panard (dont Geneviève vous a déjà parlé), traversé la rivière avec nos monstres de sacs en marchant sur les roches et le petit pont que vous avez vus en photo, sué abondamment sur les marches d'un escalier nous menant 110 mètres plus haut, pour finir par quitter Ouzoud afin de rejoindre Azilal, d'où on allait prendre un taxi vers la vallé des Ait Boughemez. C'est dans les montagnes, plus précisément le Haut Atlas, chez les Berbères.
Ça, c'est le grand taxi qu'on a pris entre Azilal et Tasselant, dans la vallée. Voyez nos sacs sur le toit. Ils étaient accrochés avec de la ficelle. Ça a tenu, ambdoulillah (grâce à Dieu !) ! Je vous rappelle qu'un taxi comme celui-là prend normalement 7 personnes, chauffeur inclus. Oui, vous avez bien lu, 7. Les ceintures de sécurité, n'y pensez même pas, c'est de la science-fiction.
Imaginez de hautes montagnes arides aux flans rocailleux et escarpés, avec très peu d'arbres dessus. Rajoutez des bergers avec leurs troupeaux de chèvres et de moutons et de petits groupes de femmes faisant la lessive. Dessinez une route étroite sur laquelle le grand taxi, contenant 4 Marocains, une Marocaine et 2 Québécoises, s'arrêtait pour .changer les politesses d'usage lors de la rencontre d'autres véhicules...
- Assalam aleykoum ! (paix sur toi)
- Wa aleykoum assalam. (et sur toi aussi)
- Lebes ? (ça va ?)
- Bejer. (bien)
- Ambdoulillah ! (grâce à Dieu !)
- ... (...)
Le gîte qu' on a choisi était entouré d'un petit bout de jardin c ontenant de beaux arbres fruitiers. On était dans le village de Tasselnant, dans la vallée. À notre grande surprise, le fond de la vallée était très vert... En effet, un système d'irrigation efficace y rend possible la culture d'une variété de fruits, légumes et céréales. Dans la vallée, on croise souvent des troupeaux. On aperçoit aussi, souvent, de petites maisonnettes blanches. Ce sont des ruches. La production de miel dans la vallée est importante... et quel miel ! Demandez à Geneviève de vous parler du mélange de miel et de noix de Grenoble (aussi produites dans la vallée) auquel on a goûté dans une coopérative de femmes, je suis sûre qu'un filet de bave va lui couler de la bouche...
Moi, à Tasselnant, juste avant l'orage.
Village dans la vallée.
Bêêêêêêêê !
Pour explorer la vallée, on a décidé de marcher de notre petit village vers Tabant, LA "ville" de la vallée (le dépôt de médicaments est là, l'école des guides de montagne aussi). Sur le chemin, les montagnes, les collines, les cultures et les petits villages dont certains comptent qu'une dizaine de maisons se succèdent agréablement. La route est vivante. La première journée, on y a croisé beaucoup de monde. La deuxième, beaucoup moins, et on ne sait toujours pas pourquoi.
La première journée où on a chaussé nos bottines, on a croisé une femme un peu trop chargée avec ses bassines à lessive après avoir coupé dans un champ. Je lui ai proposé un coup de main, qu'elle a accepté d'emblée. Une trentaine de mètres plus loin (pas long, le coup de main !), elle nous invitait à prendre le thé. Un peu plus tard, en le buvant, elle nous invitait à revenir le lendemain midi pour un tajine ! Saadiya, trouvant nos noms un peu compliqués, nous a donné des noms berbères : Geneviève est devenue Aicha, et moi Fatima ! Notons que Saadiya parlait étonnament bien français. Il est rare que les femmes le parlent, surtout dans les villages. On a quand même appris quelques mots de berbère, qu'on a pu réutiliser par la suite. En mangeant le tajine, elle nous a clairement indiqué que, -inch Allah - quand on reviendra, il faudra venir "à la maison", exit le gîte ! Accuel magnifique et chaleureux... On s'est senties adoptées !
La vallée.
Encore la vallée, vue du haut d'une colline où on s'est offert une grimpette dans les rochers.
Encore, encore la vallée.
Les menus du gîte étaient particulièrement copieux. Il y avait, sans exagérer, pour 6 personnes dans ce qui nous était servi pour 2 ! La soupe du premier soir était mémorable. Splendide harira berbère...
Geneviève attendant le minibus, au petit matin.
En repartant de la vallée, ça faisait déjà un bon 3 semaines qu'on voyageait au Maroc et on n'avait encore jamais vu, entendu ou senti qui que ce soit souffrant du mal des transports. Figurez-vous que, dans la même journée, on en a rencontré à peu près 4 ! Ouf. Tasselnant à Azilal, c'est long, mais avec du monde malade, c'est pire que long. Et quand t'es dans le minibus et que tu réalises que t'es entouré de gens malades, tu ne peux pas débarquer,
parce que t'es en plein milieu de nulle part... Merci au gars qui m'a échangé sa place, je sais pas comment j'aurais toughé le trajet autrement. Je me suis quand même bouché les oreilles en me chantant des chansons dans ma tête. Avec une Gravol pour prévenir, ça va mieux aussi. Geneviève, elle, s'est défoncé les tympas avec le iPod, pour être sûre de ne rien entendre. Je pense qu'elle n'a même pas réalisé qu'il n'y avait pas une, mais trois personnes malades dans le minibus. Ne lui dites pas, ok ? Ironie du sort, dans le grand taxi qui nous a amenées d'Azilal à Marrakech, juste après le trajet de minibus, le petit gars de 10 ans qui était assis à côté de moi a aussi été malade. Rendu là, je trouvais juste ça drôle tellement c'était ridicule. Par contre, Geneviève, elle, elle a un peu badtrippé. Ça lui a pris la journée pour se remettre du transport. Je lui ai d'ailleurs interdit la lecture de ce paragraphe.
Cela dit, les Ait Boughemez sont fort sympathiques ! Une journée, j'ai pris le thé 5 fois... Ça en dit long sur l'attitude des gens !
Un gars attend pour l'ordinateur de l'AJ. La prochaine fois, je vous raconte la vallée de l'Ourika et le retourd en Occident !
Fatima
Ouzoud
La cascade d'Ouzoud est vraiment très belle, mais ce n'est pas
Cette dernière photo, c'est le chemin qu'on a emprunté, à bout de forces et de patience... Nous sommes finalement arrivées au camping Le Panard où Aimée s'est laissée choir sur un fauteuil et a fondu en larmes. On a passé l'après-midi juste à relaxer et à décanter. Le propriétaire était vraiment gentil et un peu papa, lui aussi. J'ai dit à Aimée qu'elle aurait réveillé n'importe quel coeur de père à ce moment...
Ce soir-là, on a très bien mangé à la lueur des chandelles (pas d'électricité). Moment magique. Puis, on a dormi sur la terrasse. On voyait quelques étoiles et la lune. Photo de notre terrasse.
Le lendemain latin, on est parties marcher le long de la rivière (en aval). Il y avait encore des petits restos et campings même si ça pasait seulement à pied.
Il faisait chaud, aussi en avons-nous profité pour nous arroser un peu! C'était agréable et beaucoup plus relax! Nous avons continué jusqu'à un endroit appelé la grotte des singes
Nous avons aussi vu ce que j'ai appelé des moutons laveurs!
En retraversant, il a fallu payer le passage d'un petit pont! Aimée a négocié d'acheter un Fanta refroidi à l'eau de la rivière! Voyez sur cette photo d'elle (il faut chercher un peu).
Plus tard, le soir, nous avons vu des singes. Nous en avions déjà vu à Azrou mais cette fois, c'était différent. Ils semblaient plus troublés, plus agressifs, moins en forme. Ils mangeaient du plastique aussi... Nous avons trouvé ça triste.
Le hammam
Du Routard, on a choisi un adresse
Arrivées là, une femme à qui il manque quelques dents (normal ici) nous accueille dans un francais à peine moins limité que mon arabe. On (pense qu'on) s'entend pour deux entrées, en plus d'un gommage au savon noir pour moi. Pas de massage, on est ici pour se laver et pour le trip de rentrer dans un hammam. On enlève nos vêtements. On avait nos maillots en-dessous, vu que le Routard conseillait d'y aller en maillot la pre,ière fois, histoire d'être plus à l'aise. La femme qui me fera le gommage ne garde que ses bobettes.Au hammam, il y a des heures d'ouverture séparées pour les femmes et les hommes. Lors de notre passage, la plupart des femmes sont en bobettes, certaines sont totalement nues. Entre le voile porté en public et le hammam, tout un monde de différences! Les femmes discutent autant qu'elles se lavent. Aujourd'hui, les maisons sont, en règle générale, équipées de sanitaires, mais les gens vont encore aux bains, signe qu'ils ne servent pas qu'à se laver.
Dans le hammam, il fait chaud. Les plafonds sont relativement bas et l'air est chargé d'humidité. On suit la femme, qui nous amène dans une des deux ou trois salles. Elle nous fait asseoir, remplit quelques seaux d'eau bien chaude - bonheur! - et revient nous asperger abondamment. On se sent newbies, on se laisse faire. Elle prend ensuite le savon noir (sorte de pâte noire) parfumé à la fleur d'oranger et me gomme l'ensemble du corps avec, à la main. C'est rapide. Elle entreprend ensuite de gommer Geneviève, qui avait pourtant dit qu'elle voulait juste se laver. Tant pis, ou tant mieux, elle sera gommée elle aussi! La femme nous laisse sécher là quelques minutes, remplit des seaux d'eau pendant ce temps-là et en profite pour nettoyer le plancher. Elle revient et entreprend de me dégommer au gant de cuir. Ayoye! Ca fait mal!
, se moque Geneviève. La femme rit de moi. Moi aussi je ris. J'ai l'impression qu'elle me passe du papier sablé sur le corps... Ca décape! En fait, c'est ca le but du gommage: enlever les peaux mortes et nettoyer l'épiderme en profondeur. Le sul endroit ou le gant de cuir fait du bien, c'est dans le dos... Ah... Ca, c'est le fun... Geneviève y passe aussi et trouve que je suis vraiment p'tite nature parce que
On a
Le hammam, gommage compris, nous a coûté 60 dirhams chacune (un peu plus de 6 dollars). Là-dessus, le gommage en coûtait 50. Si jamais vous allez au Maroc, y'a pas d'excus pour manquer ca: y'en a partout et ca coute presque rien, surtout si vous voulez seulement vous laver. Assurez-vous quand même d'en choisir un qui soit bien entretenu.
Le bien_être en sortant, pouvez-vous imaginer? J'avais l'impression que ma peau respirait, je me sentais tellement légère... C'est encore mieux que sortir dehors après 80 longueurs de piscine. Et on ne pue même pas le chlore!
Aimée
(gracieusement tapé par Geneviève)
vendredi 23 juillet 2010
Essaouira en photos
En arrivant, pemière différence avec le reste du Maroc: il fait frais et même froid! Voici une photo d'Aimée prise sur la terrasse de notre hôtel. Et pour faire exprès, dans le bus vers Essaouira, j'ai oublié mon coupe-vent! Bah, c'est le premier oubli du voyagem c'est pas si pire...
Un gentil marchand de tapis (il y en a tellement ici, des marchands et des tapis!!!) nous a fait essayer un foulard touareg comme portent les hommes du désert.
Le coucher de soleil à partir de notre terrasse. Il a fallu que j'insiste beaucoup pour qu'Aimée, congelée, reste jusqu'à ce moment magique!
Un bateau qui rentre au port. Il est bien escorté!
Aujourd'hui, on est allées se promener le long de la plage étonnament très propre. Les dromadaires y côtoient les véliplanchistes dans un mélange assez surprenant! On s'est fait proposer au moins 8 fois un tour de dromadaire!
Demain, on quitte Essaouia pour Marrakech (une nuit), puis on part dans les montagnes. Il est possible qu'on n'ait pas accès à Internet là-bas pour environ une semaine. Ne soyez donc pas inquiets si vous restez quelques temps sans nouvelles.
mercredi 21 juillet 2010
Geneviève contre des chameaux
Casa, c'est une grosse ville. On y trouve nettement moins de femmes voilées qu'ailleurs dans le pays. Il y a des chats partout. J'ai ai même vu un, mort, sur un trottoir, j'en ai été revirée pour une demie-journée... "P'tit coeur sensible", comme dit Geneviève. Dans une partie de la ville où sont concentrés les magasins de tissus, on se sentait un peu comme sur le bouleverd Saint-Laurent, entre Crémazie et Sauvé. Y'a des riches, y'a des pauvres, et le contrastes entre les deux est plus que saisissant. Le précédent roi du Maroc, Hassan II, a ordonné la construction de la mosquée qui porte son nom en 1987. La construction en a été achevée en 1993. La mosquée, dépendamment des critères qu'on utilise, est le 2e ou la 3e plus grosse du monde, la plus grande étant celle de la Mecque et l'autre, celle de Médine, toutes deux en Arabie Saoudite. Hassan II est une des rarissimes mosquées marocaines qui se visitent . Des visites guidées sont organisées 3 fois par jour, en plusieurs langues européennes différentes. Avec des Néerlandais, des Allemands, des Danois, des Américains et des Polonais, on a donc été instruites sur la quantité de marbre, de bois de cèdre, de titane et de verre vénitien requis pour la construction du bâtiment. On a visité quelques sections différentes. La mosquée est bâtie en partie sur l'océan Atlantique, en référence à quelque chose qui est écrit dans le Coran et que j'ai malheureusement oublié de noter. 200 personnes travaillent quotidiennement a nettoyer la place. Inutile de dire que c'est vraiment clean. L'ensemble nous a donné l'impression d'une mosquée pour touristes. Puisque c'est une des rares qu'on peut visiter, je suppose que c'est effectivement un mosquée pour touristes.
Quand on ressort de la mosquée, le contraste de tout son faste avec le bidonville d'à côté fait vraiment malaise. De la rampe qui s'allonge de la mosquée vers la mer, des garçons font des plongeons téméraires dans des bassins d'eau salée. Casablanca, c'est aussi des extrêmes qui cohabitent.
Moment fort agréable de notre passage à Casablanca : rejoindre Caroline à la gare et aller ensuite à la Bodega, resto-bar espagnol où on se sent, l'Espagne de quelques heures, totalement ailleurs. Joli lapsus : je voulais plutôt écrire : "l'espace de quelques heures"...
Sur ce, on s'en va profiter d'Essaouira ! Dans une partie de la ville, pas de voitures... yeah ! Vous imaginez pas à quel point ça fait du bien après Casa et la fumée bleue qui sort des pots d'échappement des scooters, motos, mobylettes et voitures antiques. Notre hôtel est miteux, une fois de plus, mais diablement pas cher et pourvu d'une terrasse superbe, donnant sur l'océan. Faut savoir faire des choix ;)
À la prochaine !
Aimée
lundi 19 juillet 2010
Mon Maroc
http://www.jeanfrancoislessard.com/?page_id=15
Vous pouvez écouter la chanson là -c est la 10e sur Utopia- et en profiter pour découvrir l artiste.
A&G
vendredi 16 juillet 2010
Du saumon et du homard, ou l'allégorie du repas
Apéro : fanta orange
De la fenêtre de la chambre, qui donne sur une espèce de colonne d'aération, monte une odeur incongrue de sandwich aux oeufs. Geneviève, couchée sur le lit d'à côté, essaie de rattrapper un peu de sommeil égaré entre deux quintes de toux d'un Marocain de l'étage en-dessous. Ses pieds, qui dépassent du lit, sont sales, malgré la douche d'hier soir. Ici, on a toujours pieds sales. Avec la chaleur, on préfères les gougounes aux bottes de marche...
Hors d'oeuvre : olives
Du homard et du saumon. Un pavé de saumon, j'y plante ma fourchette et je la porte à ma bouche. Processus simple et facile. Tout de suite, la chair se défait sous ma langue et mes papilles reconnaissent le goût. Bonheur facile. Du homard, c'est plus compliqué. Il faut décortiquer chaque petite patte, extirper la chair de chaque pince. Manger du homard, c'est un long repas. Si t'es pressé, t'es mieux d'aller te chercher un trio Big Mac... Les pinces font un peu peur aussi. Par contre, le goût de la chair, une fois extirpée de sa solide carapace, vous en conviendrez, est particulièrement délicat et agréable.
Entrée : aubergines à l'ail
Le Maroc aussi, il faut prendre son temps pour le rencontrer, pour aller outre sa coquille rebutante. Les faux-guides, j'en ai plein mon casque et c'est pas cool de glisser sur des déchets de poisson dans le souk. C'est long, sortir la chair des pattes, surtout qu'on travaille fort pour ce qui n'est parfois qu'un tout petit morceau de viande. Il y a quelques jours, j'ai eu envie de virer de bord : les Marocains "trop insistants", les Marocaines, absentes, et moi, un peu perdue là-dedans. J'ai cependant trouvé, à Chefchaouen, une trace de ce que peut-être mon passage ici. Les sourires échangés avec la femme de ménage de l'hôtel (je doute quMelle ait compris ce que je lui ai dit en français, mais je pense qu'on s'est très bien comprises quand même), la gentillesses des gens de la médina, passée la zone touristique... le petit resto d'à côté de l'hôtel, où on était devenues des habituées, la vue des femmes lavant le linge dans la rivière (même si elles ont toutes des machines à laver, maintenant - le lavage de linge comme activité sociale féminine, pense l'étudiante en sciences humaines...), le temps passé à jaser avec Mohammed, en regardant, du coin de l'oeil pour ma part, la finale de la coupe du monde...
Plat principal : couscous aux légumes
Quand on rencontre d'autres touristes, on entend souvent : "il faut vraiment aller voir ça, c'est vraiment beau !" Voir, voir, voir, beau, beau, beau... Bobo à mes yeux quand il est question des beautés touristiques si souvent citées ! Objectivement, l'Alhambra, la Mezquita et le mausoloée de Moulay Ismaïl ont très beaux. J'ai cependant l'impression qu'un bon livre sur chacun aurait presque aussi bien fait la job que de les visiter. Presque, parce que visiter permet quand même de mettre les choses à l'échelle et de saisir que les tuiles du mausolée, de loin, ont l'air noires, mais qu'elles sont bleu dense quand on les regarde à 90 degrés. Mais ça, même ça, ça ne me fera pas traverser le miroir...
De Mohammed, mon cadet d'un an, j'ai su qu'il se prépare à devenir guide de montagne. Le dénominateur commun, sur le plan linguistique, s'est avéré être l'espagnol. On a donc jasé en castillan. Mohammed habite dans les montagnes, à une heure de vélo de Chefchaouen. La terre qui s'est transmise de génération en génération appartient maintenant à son père, qui a jusqu'à maintenant refusé toutes les offres d'achat. Avant d'être à son père, la terre était à son grand-père, et avant, à son arrière-arrière-grand-père... Le père de Mohammed ne veut pas vendre, vous comprendrez. Mohammed a 6 frères et soeurs. Son frère le plus vieux, qui a 24 ans, est marié depuis 4 ans ("habia una chica...", me racontait Mohammed). Il a maintenant 2 enfants avec sa femme : une fille d'un an et demi et un garçon d'un mois et demi. Le frère en question est électricien. La grand-mère maternelle, elle, a 30 chèvres dont elle s'occupe toujours dans la montagne, du haut de ses fringants 90 ans ! Abuelita !? Chapeau, madame !
Mohammed ne fume pas, parce que grimper des montagnes et fumer, ça ne va pas ensemble. Il se préparait à aller régler des questions de paperasse pour retourner voyager 3 mois en Espagne. Il part seul, c'est comme ça qu'il aime voyager.
Dessert : biscuits marocains
Le moment passé à jaser avec Mohammed, comme les autres perles dont j'ai fait mention plus tôt, c'est précieux. Quand on marche en ville, les gens s'imaginent parfois qu'on est des machines à cash, comme l'a si justement exprimé Chris, un gars de Vancouver rencontré à Chefchaouen. Les moments où on peut rencontrer d'autres humains, sans que l'échange ne porte la marque du dirham, de l'euro ou du dollar, c'est du bonheur en pattes, un petit bout de homard sous la carapace mercantile ! Ces moments, il ne faudrait quand même pas les définir uniquement par la négative, par l'absence de quelque chose. D'autres moments marocains ont été exempts de ce mercantilisme, mais ce n'était pas pareil. Ce qui compte, ce n'est pas l'absence, mais la présence...
Digestif : thé à la menthe (aussi appelé "whisky marocain")
Il y a des choses, ici, dont on constate qu'elles sont culturelles et qu'elles n'ont pas l'universalité qu'on leur a imaginée. Exemple facile : les toilettes, turques versus occidentales. Exemple plus délicat : ce qu'on expose et ce qu'on voile, pour qui, quand et comment. Être une femme ici et être une femme au Québec, ce n'est pas la même chose. Les codes m'échappent encore en grande partie, mais mon "étrangeté", je le sais, l'excuse le plus souvent. Ici, la sphère publique est un domaine d'hommes, auquel les femmes n'ont que peu accès. Le monde des femmes est plus retiré et discret, ce qui en rend l'approche plus difficile. Comme femmes étrangères, on se retrouve parfois dans ce "no woman's land". Nos rencontrers avec l'humanité n'en sont que plus émouvantes.