dimanche 30 mai 2010
Du balisage des sentiers
Si Geneviève a été totalement charmée par la première journée, je l'ai surtout trouvée très chaude et j'ai détesté au plus haut point le passage dans les rochers (encore plus que le barbotage dans la marre bouseuse, c'est dire à quel point j'ai haï ça...). L'escalade et la grimpe, j'aime beaucoup, mais pas avec un packsac de 60 litres sur le dos... Non, vraiment pas ! La dernière fois que j'ai eu peur comme ça, c'était peut-être lorsqu'une portière de voiture s'est ouverte juste devant moi quand je roulais en vélo sur une rue très passante à Montréal... Bon... C'est pas tout à fait la même frousse, mais ça vous donne une idée de ce que j'avais dans le fond du ventre en traversant ces rochers. Si on y regarde de plus près, cette histoire de rochers est également une histoire de balisage. Régulièrement, dans les Agriates, le chemin se divise... Certaines pistes ont été crées par l'humain et d'autres sont entretenues par les bêtes qui passent. Les efforts de balisage sont le plus souvent assez misérable. Quant à suivre les cartes, encore faut-il en avoir une qui indique clairement le sentier. Les centres d'information touristique en donnent une de format carte postale. On en avait une topo (merci Jickye !), ça nous a d'ailleurs énormément aidées, mais le sentier du littoral n'y était pas indiqué clairement. Un peu avant le passage sur les rochers, le chemin s'était divisé. Comme on avait l'habitude de suivre le littoral, c'est encore ce qu'on a fait cette fois-là. Ce fut généralement une option très convenable, mais pas cette fois-là, manifestement...
La Corse fait apparemment très peu de promotion pour attirer touristes et randonneurs dans les Agriates. Le site appartient au Conservatoire du littoral. Entre les branches, on entend dire que l'absence de balisage clair et l'absence de documentation fiable et accessible sur les ressources mises à la disposition des gens qui y passent est faite pour limiter le nombre de randonneurs... C'est fort possible, mais fort désagréable aussi, sur le terrain, au moment où on en prend pleinement conscience.
Mon idée des sentiers et de leur balisage vient essentiellement de ce que j'ai pu marcher dans les parcs provinciaux et nationaux du Canada. Rien à voir, je le constate, avec ce qui existe dans les Agriates. J'ai donc révisé ma conception de la randonnée ici. Les prochaines seront certainement plus sereines, maintenant que je sais un peu mieux à quoi m'attendre.
Le 27 mai, on se trouvait à Trave, au beau milieu des Agriates. Geneviève vous en a parlé sans nommer l'endroit, c'est celui où on s'est arrêté pour manger avec Gérard et Évelyne, pensant qu'on était arrivé à Guignu. J'ai profité de l'arrêt pour dessiner un peu et noter quelques impressions dans mon carnet. En fait, j'ai surtout mis des mots sur le sentiment de vulnérabilité qui me serrait les tripes et bouffait toute mon énergie à ce moment-là. Le lendemain, c'est une fois que j'ai commencé à marcher avec nos bâtons trouvés sur la plage que j'ai commencé à me sentir mieux. Les bâtons permettent de répartir autrement la charge transportée. Conséquemment, ça pesait moins fort sur mon genou fragile. Conséquemment, j'avais plus confiance en moi. Conséquemment, je trouvais le chemin beaucoup plus agréable. Conséquemment, j'étais nettement plus de bonne humeur. Conséquemment, j'ai changé de rythme et j'avais beaucoup plus de fun. La mer, ce matin-là, était moins calme et le ciel moins bleu, mais le petit vent était bien agréable. Les flans plus dégarnis des montagnes avaient quelque chose d'intéressant, ce n'était pas le même vert que la veille. la chaleur torride est revenue en après-midi, pendant qu'on commençait à grimper vers l'intérieur des terres pour rejoindre l'Ostriconi. La Corse, c'est ça aussi...
On repart bientôt en randonnée. On apporte nos bâtons trouvés sur une plage dans le Agriates. On a un topoguide du lieu (livre contenant à la fois des portions de cartes topographiques récentes et des indications sur le chemin à suivre) et on sait certainement mieux à quoi s'attendre que la fois précédente. J'ai déjà étudié les courbes de niveau et je peux vous dire d'avancer que ça va grimper ! (C'est pas pour rien que ça s'appelle Mare e monti, ce qui signifie "Mer et montagne"...) Ça devrait aussi être magnifique. Sachant que les étapes sont longues et que les sentiers sont ardus, on se prévoit au moins 2 jours d'arrêt et de repos pour profiter de certains lieux. On fera donc les 10 jours en 12, mais je pense que c'est pour le mieux. On va probablement apprécier beaucoup plus...
Aimée
Plages, montagnes et.. vaches! (G)
Naïvement, on s’est dit « Bah! Un sentier qui suit la côte, il ne doit pas y avoir trop de dénivelé. Et il dure seulement trois jours. C’est petit entraînement pour la randonnée qu’on souhaite faire plus tard… » Le trajet comportait tout de même plus de difficultés que prévu!
Jour 1 : Saint-Florent – Saleccia
Temps prévu : 5h30
Mercredi matin, départ pour notre première randonnée à 8 :15. Le sentier part doucement en longeant la mer, comme prévu. Il est balisé par des pancartes « chemin ». On suit les moindres criques, les moindres pointes. C’est vraiment joli. On passe entre les buissons en fleurs. Régulièrement, de petits lézards comme celui-ci nous passent entre les pattes! La mer est magnifique!
Il fait chaud, mais on s’arrête régulièrement pour boire, grignoter.
Puis, on arrive à notre premier obstacle : une rivière avec, de l’autre côté, des vaches!J’avais lu qu’il y avait parfois des vaches qui se reposaient paresseusement sur la plage, mais je croyais que c’était un mythe pour faire rêver les touristes. Je ne pensais pas en voir pour vrai! Elles sont laissées en liberté dans le maquis et les éleveurs viennent chercher les veaux régulièrement pour les abattre. Sauf que, là où il y a des vaches, il y a des taureaux!! Et ceux-ci peuvent être dangereux… Mais ceux-là, vaches ou taureaux? Pas toujours si évident à voir, surtout quand ils sont couchés… Aimée est craintive, moi pas tellement. On s’installe, on enlève nos souliers, nos bas, on roule nos pantalons et on traverse la rivière avec de l’eau à mi-cuisse. On passe loin des vaches et elles nous regardent passer bien tranquilles. On traverse un autre cours d’eau de la même façon.
Puis, on arrive à un passage sportif. Ce n’est plus de la randonnée, mais de l’escalade! Le sentier, qui n’en est plus vraiment un, passe sur les rochers au bord de la mer, à une dizaine de mètres de hauteur. Il faut utiliser les mains pour se tenir et conserver notre équilibre. Sans nos gros sacs à dos, ça aurait été amusant, mais là, c’est tout de même un peu inquiétant. Moi, je suis surprise de mon agilité avec le monstre que j’ai sur le dos. Aimée a peur. Je l’aide du mieux que je peux et on arrive finalement à l’autre bout avec l’impression d’avoir risqué de se casser un ou plusieurs os…
On arrive ensuite à la plage du Lotu. Oups, là il y a plusieurs vaches et clairement des taureaux! On rencontre une fille qu’un taureau a chargée quelques minutes plus tôt. On décide dont de se déchausser encore une fois et de passer dans l’eau, par précaution.
On est presque arrivées au camping quand on arrive devant une grande flaque brune dont on ne voit ni le bout ni le fond et qui sent la bouse de vaches… Mais bon, il faut ce qui faut, alors je me déchausse encore une fois, je prends mon sac à dos sur ma tête et je traverse! Aimée n’aime pas vraiment cette traversée…
On arrive au camping de Saleccia fourbues à 15h15, 7 heures après notre départ. On est épuisées! Mauvaise surprise : l’épicerie sur laquelle on comptait pour s’approvisionner est fermée à cette époque de l’année… On soupera et déjeunera donc au resto du camping et le propriétaire nous préparera un peu de nourriture pour le lendemain midi. Pour le reste, on en a assez pour se débrouiller : salade en canne, petits pains, biscuits, barres tendres… Tous les muscles de mon corps me font souffrir. On va s’installer et on fait une sieste! De toute façon, le souper n’est servi qu’à 20h…
Le souper est vraiment plaisant. On est installées à une grande table avec deux couples d’Allemands et un couple de Bretons. Ces derniers font le même itinéraire que nous et nous proposent de faire route commune le lendemain, ce que nous acceptons. C’est mon premier repas de partage entre voyageurs comme ça et je l’apprécie vraiment! Le propriétire nous sert une salade de tomates et d’œufs durs avec une assiette de charcuteries et des olives. Quand on a tous bien assez mangé, il nous amène le vrai plat principal : des pâtes au bœuf! On se force à manger encore un peu et qu’est-ce qui suit? Une assiette de fromages avec des pommes et de la confiture d’arbouses (un petit fruit local). Ouf! C’est excellent, mais c’est beaucoup trop!
Jour 2 : Saleccia – Ghignu
Temps prévu : 2h30
Nous partons donc avec Évelyne et Gérard vers 10h30. Le chemin passe incroyablement vite en leur compagnie et après deux heures, on arrive déjà à une plage avec un pailler (maison qui servait autre fois aux bergers et qui a été restaurée à Ghignu pour faire un gîte). On dîne tranquillement. Ensuite, je vais me baigner et prendre quelques photos.
Jour 3 : Ghignu – Ostriconi
Temps prévu : 6h30
On part à 8h30 le matin. On fait encore le chemin avec Évelyne et Gérard. Un détour pour éviter un troupeau de vaches nous permet de nous trouver des bâtons de marche qui nos aideront beaucoup. En fait, ils redonnent le sourire à Aimée et ont sur elle un effet magique! On en a bien besoin d’ailleurs de ce petit coup de pouce, car la journée est longue et éprouvante. Il y a beaucoup de passages en sable où je m’enlise et où chaque pas est pénible. En plus, ça grimpe! On passe entre les montagnes… On s’amuse à observer le mode de vie des bousiers, vous savez, ces insectes qui ramassent la bouse des vaches et des chevaux et en font de belles boules qu’ils roulent… Passionnant!
La fin est pénible. On a hâte d’arriver et on n’apprécie plus tellement. On a mal partout et chaque pas est difficile! Quand on arrive enfin au camping,7h plus tard, je m’écrase par terre et je ne bouge pas de là jusqu’à ce que Jickye (qui a gentiment proposé de venir nous chercher!) arrive!
Geneviève
samedi 29 mai 2010
Bastia et Saint-Florent (G)
Bus ou train ?
Noté dans mon journal de bord : « On devait prendre le bus pour Bastia ce matin, mais le bus du mardi passait avec l’horaire du lundi (donc 45 minutes plus tôt), parce que lundi était un jour férié, alors on est allées prendre le train, mais le train était un bus pour une partie du trajet parce que les wagons de train étaient trop vieux et qu’ils n’ont pas encore reçu les nouveaux. » Ça dit tout sur cette première étape de voyage !
Une gang de Québécois à Bastia
À Bastia, on devait retrouver Marianne, une amie d’Aimée, qui y passait deux semaines avec un groupe pour un projet de fin de CÉGEP. Midi, heure du rendez-vous. Aucune trace de Marianne. Midi et quart, Aimée aperçoit un groupe de touristes pas comme les autres. Ils ont une caméra et ne semblent pas flâner sur la grande place. Elle croit entendre un accent québécois. Elle s’essaie. « Êtes-vous du CÉGEP St-Laurent ? » Hé oui ! Ils connaissent bien Marianne, mais ne savent pas où elle est. Midi trente, on comprend notre erreur de numéro de téléphone cellulaire et Aimée réussit finalement à lui parler ! Je la vois courir joyeusement jusqu’à l’autre bout de la place ! On va rejoindre son groupe et on se retrouve, huit Québécoises sur une terrasse de la citadelle qui surplombe la mer. Quelle vue ! L’une des filles commande une pizza « Reine ». La serveuse doit encore rire de l’accent ! Aimée et moi goûtons un Mouss’Or, soda qu’on trouve uniquement en Corse, selon la serveuse. C’est une boisson gazeuse aux pommes et au caramel.
Paysage de rêve
Après avoir avalé un énoooorme sandwich aux fromages corses et aux charcuteries corses dans un parc, on prend l’autobus pour Saint-Florent. Embouteillages dans la « banlieue ». Puis, l’autobus prend un chemin sur la droite et monte dans la montagne. Et là, je reste la bouche ouverte durant près d’une demi-heure. Je me sens comme ma mère qui s’extasiait à chaque tournant de la route dans les Rocheuses il y a quelques années. La route serpente à flanc de montagne, à peu près à mi-hauteur. Le vert s’étale vers le haut, vers le bas et partout autour. La lumière du soleil couchant est sublime. Je me sens dans un décor digne de Jamie (les initié(e)s comprendront). Aimée me confirme que ça ressemble un peu aux Highlands par endroits. Wow ! Je referais ce trajet de bus n’importe quand !
Cœur de pirate
Dans ce bus justement, la radio joue Cœur de Pirate. Je pense à Marianne qui l’aimait beaucoup. Puis… « Tes cris défoncent les murs, de notre appartement » Souvenir de Mel et Rose et de leur analyse de cette chanson !
Crème glacée
On arrive au camping. On s’installe sous ce qu’on apprendra plus tard être un eucalyptus. Puis, on se permet un spécial crème glacé et on va la manger sur la plage avant que le soleil se couche… On voit Saint-Florent au loin.
Geneviève
lundi 24 mai 2010
Vers les Agriates
Départ pour notre première randonnée corse demain. Désert des Agriates. De retour à l'Ile Rousse dans 4 jours si tout va comme prévu.
Geneviève
... à sédentaires! (G)
Je vous ai préparé quelques photos...
Vue du chemin que l'on prend pour aller vers le village.
Voilà Aimée, alias la chèvre, qui dit bonjour du haut de son perchoir!
La montagne au loin, tout illuminée par le soleil couchant... Maman, est-ce que c'est une vraie montagne même si on ne voit pas de neige dessus? ;)
Coucher de soleil.
Geneviève
dimanche 23 mai 2010
De nomades...
Donc, à mon tour d'écrire mes Fragments sur cette première portion de voyage.
Nice
Sclos-de-Compte
Corsicus
Geneviève vous entretiendra avec plaisir de ce qu'on a vu sur les écrans de télé dans le navire (ha ha ha !).
Le Mega Smeralda est d'une taille totalement démesurée par rapport au port de l'Île Rousse. Geneviève a passé la réflexion que ça doit sérieusement abîmer le fond.
L'eau de la Méditerranée, ici et en milieu de journée, est d'un bleu turquoise par endroits et d'un bleu plus sombre à d'autres. L'effet est assez saisissant, même si on a plus tôt vu des photos. Le soir, les rayons du soleil glissent sur l'eau au lieu d'y plonger. Ils en rendent la surface de la portion ouest toute dorée, et le reste gris argenté. Exigez que Geneviève mette quelques photos en ligne ;)
Notre amie et hôte ici est d'une grande générosité à notre égard. Nous sommes confortablement installées dans un lotissement qui jouxte la ville de l'Île Rousse. Ce sera notre "chez nous" ici et notre point de départ pour les randonnées...
D'après le Topoguide de la Corse, l'île est la 3e plus grande de la Méditerranée et sans conteste la plus montagneuse. La ville de l'Île Rousse compte environ 2850 habitants (Routard de 2009). La petite ville, qui s'étend essentiellement le long de la mer, est située sur la côte nord-ouest de la Corse, dans la Balagne (ou "pays de Balagne"...). Les plus grosses villes de la Corse semblent être Ajaccio et Bastia. Corte, qui a entre deux et trois fois la population de l'Île Rousse, a une université. La poluation de Corte est consituée aux deux tiers d'étudiants (encore d'après le Routard).
Depuis notre arrivée en Corse, on a vu un bel oiseau de proie, qui pourrait bien être un faucon. Il volait très bas. On a bien vu son corps brun et ses taches blanches, sur la tête et le dessous des ailes. Sur des petites îles qui ont été reliées ensemble au 19e siècle, près du port, j'ai vu une sorte de corneille à dos gris (ça doit avoir un nom, mais je ne le connais pas) et quelques goélands (pas vus assez longtemps pour dire quelle sorte). Sur les mêmes îles, j'ai grimpé sur les rochers. Ce ne sont pas les mêmes que sur la plage devant la ville. Ceux de la plage étaient assez sombres et très durs, à peu près pas effrités. Ils avaient une allure de roche volcanique. Ceux des îles près du port avaient plutôt l'air de roches métamorphiques*. La roche était très dure et plutôt rousse, avec beaucoup de cristaux dont bon nombre se détachaient, rendant glissantes les montées et les descentes quand les semelles roulaient dessus. J'ai noté dans mon carnet qu'une mousse d'un jaune ocre presque doré poussait dessus. La lumière du soleil couchant faisait ressortir les ombres légères et le relief, alors que la roche lui servait d'écrin. Un petit bijou de mousse, vraiment.
La roche située près de l'eau (celle qui a donc été polie par les vagues), lorsqu'on l'isole du reste du paysage, rappelle les Badlands de l'Alberta. En marchant dessus et en me rapprochant du bord de l'eau, j'ai aperçu une petite chose rouge accrochée sur le revers d'un pan de roc qui trempait dans l'eau. Je me suis approchée du bord de l'eau, pris un drôle de position pour pouvoir y jeter un meilleur coup d'oeil, et c'est là que la bouteille d'eau qui se trouvait dans la pochette en filet sur le côté de mon sac a glissé, s'est évadée, a roulé sur la roche bien en pente et s'en est allée flotter dans les vague et commencer à s'éloigner du bord, lentement, mais sûrement. Impossible de l'atteindre avec mes mains, à partir du bord. 2 secondes pour réfléchir, le reste pour enlever mes bottes de marche, mes bas de laine et marcher vers la dite bouteille qui continuait à s'éloigner. L'eau descendait vite et le fond, tapissé d'algues et de petits coquillages durs, était glissant. J'avais de l'eau jusqu'à l'aine quand j'ai rattrapé la bouteille, à environ un mètre du bord. Ce fut ma première vraie saucette dans la Méditerranée. C'était étonnament chaud. J'y avais volontairement mis les pieds en après-midi, mais c'était très froid au début, et juste les pieds, ça ne compte pas. Jickye m'a dit que les petites choses rouges que j'avais supposé être des anémones s'appellent "tomates", ou "anémones tomates". Google m'apprend que la bestiole qui m'a inopinément fait faire ma première saucette ici s'appelle aussi actinia equina, en latin. J'irai sûrement la revoir, parce qu'elle m'intrigue, mais j'attacherai la gourde plus serré au préalable...
Cet après-midi, j'ai marché dans le Parc de Saleccia avec Jickye. J'ai fait connaissance avec plusieurs espèces de végétaux, dont beaucoup d'arbustes, beaucoup de fleurs et quelques arbres. Ça sentait bon... Promenade bien agréable, ponctuée par les courses de petits lézards dont Jickye m'a dit qu'ils sont corsicus. Mes premiers lézards.
Aimée
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Roche_m%C3%A9tamorphique
samedi 22 mai 2010
Fragments des premiers jours
J'ai un peu trafiqué les réglages du clavier (mouhahaha !). Maintenant que ça marche et que j'ai arrêté de pester toutes les 3 lettres, je vous fais le récit de ce début de voyage.
Escale parisienne
Geneviève vous a déjà relaté notre arrivée à Paris et le surprenant passage des douanes. J'en suis encore toute étonnée. L'accueil de Camille et Cindy était super sympa. J'espère bien les revoir, à Paris et/ou Montréal ! La promenade dans Paris fut agréable. Au retour, on aura déjà quelques points de repère dans la ville...
TGV
Mardi matin, on a quitté Paris en train pour Nice, avec une correspondance à Marseille. Le TGV est rapide. On passe rapidement à travers la campagne, les éoliennes, les champs tout jaunes (Papa, c'est quoi déjà les plantes jaunes qu'on voyait dans les champs des Prairies ? C'est le même jaune...), les petites maisons à toits de tuile, les boisés, les vaches et les chevaux. Entre Marseille et Nice, le paysage change beaucoup. On voit la Méditerranée, les premiers cactus, les premiers palmiers, un soleil plus dur...
Nice
Nice m'a globalement déplu. Pendant qu'on marchait de la gare ferroviaire à la gare routière, un gars nous a dit quelque chose de pas très cool en anglais (avec un gros accent français, évidemment). À ce moment-là, la ville pullulait de gens bronzés, de fumeurs sur les terrasses (crachant leur fumée vers les troittoirs, bien sûr) et de gens courant les boutiques de chaussures et de maillots de bain entre les touristes prenant des photos. On s'est sauvées vers Sclos-de-Contes, petit village perché dans les montagnes, dès qu'on a pu. Le chemin, qu'on a fait en bus, est relativement étroit et assez sinueux à partir du moment où on s'engage dans les montagnes. Notons que les habitudes de conduite diffèrent de celles connues au Québec en certains points. Les scooters et les motos se donnent tous les droits, y compris celui de mettre leur vie (ou celle des autres) en danger toutes les 30 secondes en coupant une voiture, en circulant entre deux files de voitures, en roulant sur les trottoirs à une vitesse folle, etc. Nice, pas pour moi...
Sclos-de-Contes
Le camping de la Ferme Riola, à Sclos-de-Contes, s'est révélé être un endroit tranquille (probablement parce qu'on y était en semaine et en mai) et très agréable. Le site est planté de diverses essences d'arbres. Le proprio nous a suggéré quelques emplacements et nous a dit de planter notre tente où on voulait. On a finalement choisi de la planter sous un arbre dont on a découvert qu'il était un figuier, parce que ça sentait bon.
Le 19, on a marché jusqu'à L'Escarène, qui se trouve sur un autre flanc de montagne, à quelques km de Sclos. Sans surprise, la route pour s'y rendre était relativement étroite et bien sinueuse (les lacets servant à rendre la montée plus facile et la descente moins rapide, je suppose). Sur le chemin, on a croisé des coquelicots, des plantes grasses, du thym (sauvage !), de la ciboulette (sauvage !), des iris (des ''grosses fleurs mauves'', comme dit Geneviève), des rosiers, des genres dMépervières jaunes, un oranger et bon nombre d'oliviers. D'ailleurs, ils semblent pousser aussi bien et en aussi grand nombre que les pommiers à Saint-Hilaire ou les peupliers faux trembles à McMasterville. On a vu, de loin, un sommet enneigé. Le sol plutôt argileux contrastait pas mal avec le rouge ferreux du roc près de Marseille.
photo ci-contre : L'Escarène
Nice (bis) et Matisse
On est revenues à Nice le 20 en après-midi, dans le but de prendre un traversier bien tôt le lendemain, pour la Corse. On a profité de ce qui restait de la journée pour grimper sur la colline de Cimiez, où se trouve le Musée Matisse et un point d'observation sur la ville, dans un joli jardin qui jouxte un monastère qu'on n'a malheureusement pas visité. Dans le Musée Matisse, c'est Nu renversé étendu sur le dos (ca. 1946, huile sur toile, 60x92 cm) et Figure endormie (1946, huile sur toile, 59x72,5 cm) que j'ai préférés. D'un point de vue strictement esthétique, j'ai beaucoup aimé certains dessins d'environ 1925, d'inspiration marocaine, mais je ne sais quoi penser de la décontextualisation d'objets liés à une culture toute autre. À la fin de la visite, j'ai feuilleté un livre offrant une rétrospective sur l'oeuvre, incluant beaucoup de pièces que le musée ne possède pas et que je n'ai encore jamais vues en vrai. Au hasard des pages, je suis tombée sur un dessin de feuilles de figuiers. Devinez quoi ? J'en avais justement dessiné à Sclos ! Joli clin d'oeil de la vie... Au moment où j'ai dessiné ces feuilles et les fruits, je ne savais pas que c'étaient ceux d'un figuier. C'est la conclusion que j'ai tirée après avoir dessiné, me disant que le fruit ressemblait à une figue fraîche pas mûre. Eh bien, c'était justement ça ! (Je vous mets le dessin de figues bientôt, dès j'arrive à en faire une version électronique potable...)
Traversée
Hier matin, on s'est levées bien tôt, pour partir de l'auberge de jeunesse un peu avant 6h. Nice presque déserte, c'est un peu bizarre. Le bateau sur lequel on était s'appelait le Mega Smeralda. C'est un navire de la compagnie Corsica Ferries (aussi Sardinia Ferries). L'équipage semblait essentiellement constitué d'Italiens. Les messages à l'intercom, pour les passagers, étaient passés en français et en anglais. Pour l'équipage, ils étaient en italien. L'anglais que j'ai entendu sur le bateau était pire encore que celui que j'ai entendus dans l'avion, avec Corsair Fly. Certaines phrase m'ont même totalement échapppé. Parlant de l'anglais... J'ai été particulièrement choquée de me faire adresser la parole en anglais dans les rues, les commerces et les parcs niçois. Je parlais français et on s'ententait à me répondre en anglais, jusqu'à ce que je me fâche ! Quand je posais des questions ou demandais des précisions, on se remettait de plus belle à me parler en anglais ! *insérez ici quelques mots exprimants un vif mécontement* Parler anglais ne me pose aucun problème, mais me faire adresser la parole en anglais et me faire contraindre à le parler par un autre francophone (qui parle d'ailleurs pas très bien anglais...), qui se méprend manifestement sur mon origine, ça, oui, ça me fait chier !
Sur cette belle montée de lait, je vais me coucher... Il est presque minuit, ici. Je vous parlerai de la Corse dans le prochain article ;)
Aimée
vendredi 21 mai 2010
Devinette
Photo prise le long d'une route dans la campagne près de Nice.
Indice supplémentaire ajouté le 23 mai
lundi 17 mai 2010
Première journée
Petite parenthèse sur les douanes françaises à Orly. On stressait depuis un mois parce que notre situation de voyage de 95 jours tombait un peu dans les craques du système. On craignait de subir un interrogatoire sans fin. A quoi a ressemblé notre passage?
-Suivant!
-Tchac! (bruit d'estampe)
-Suivant!
Notre regard incrédule de l'autre côté de la porte devait valoir cher!!! Nous voila donc entrées dans l'Union européenne sans autre forme de procès!
Deuxième parenthèse. Une heure avant de partir pour trois mois, s'asseoir dehors et regarder sa rue, son cartier, permet de le voir d'une façon totalement différente... Le point de vue est tout autre. La sensation est difficilement explicable, mais je voyais mon environnement d'une toute autre façon...
Donc voila! ça fait plus de 24 heures qu'on n'a pas dormi (faux! Aimée a triché 20 minutes!). On s' est promenées quelques heures dans les rues de Paris en compagnie de Cindy (qui nous accueille ce soir avec Camille). On a soupé tranquillement avec elles et on va bientôt se coucher!
Départ pour Nice demain matin.
Geneviève
jeudi 13 mai 2010
Je l'amène ou je l'amène pas?
On entre dans le concret... J'avais bien hâte de voir ce que je pouvais rentrer dans mon sac à dos tout neuf! Je m'y suis donc mise cet après-midi (3 jours à l'avance).
mardi 11 mai 2010
Tu dois être excitée!
Combien de fois est-ce que je me suis fait dire ça dans la dernière semaine? Dans moins d'une semaine, je pars pour trois mois avec Aimée, mon sac à dos et le sien. C'est clair que je dois être excitée!
Et pourtant non...
Ceux qui me connaissent bien savent que j'ai rarement des émotions dans les extrêmes. J'ai une constance, une stabilité. Ça en prend beaucoup pour me déstabiliser, me faire fâcher ou m'énerver!
En plus, il y a tellement de choses à penser, à régler:
-transfert de courrier
-appeler le proprio pour faire réparer notre douche qui choisit ce moment pour briser
-voir tout le monde pour dire bye bye
-aller chez le dentiste
-préparer les bagages
-rassembler les adresses de tout le monde
-réserver certaines choses
-faire du ménage
-vider le frigo et le congélateur
-faire des photocopies des documents officiels
-poster des documents pour l'université
-etc.
Bref, c'est compliqué partir si longtemps et ça en fait des choses à faire et à penser! Mon cerveau est bien trop plein pour que j'aie le temps d'être énervée à l'idée que je pars bientôt!
C'est peut-être aussi bien comme ça...!
Geneviève
lundi 10 mai 2010
Écho
Bull. Shit.
I'm just another middle class white kid with a stupid backpack. I might buy recycled toilet paper, eat lentils and ride a bike everyday, I still travel about once a year and leave a 5 tons trail of crap behind. Travelling is not a "right", it's not something you should do when you're bored. It's a privilege that's almost unique to ou generation and it's something you should do for a reason. »
samedi 8 mai 2010
Voyage
Petit Larousse 2002.
Voyage : 1. Action de voyager, de se rendre ou d’être transporté dans un autre lieu; trajet ainsi fait. 2. Action de se rendre dans un lieu lointain ou étranger; séjour ou périple ainsi fait.
Voilà une définition assez large qui dit bien peu de choses. Un voyage, c’est l’action de se rendre quelque part. D’accord, mais pourquoi s’y rendre? Dans quel but? Comment? Dans un lieu lointain, mais loin comment?
Voyons voir ce que nous apprend Internet à ce sujet.
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Voilà qui ouvre un nouveau volet : le côté mercantile du voyage actuel. Voyager, c’est sortir de chez soi, aller habiter ailleurs ($), manger ailleurs ($), faire des sorties ailleurs ($). Voyager, c’est donc dépenser et toute une industrie est en place pour récupérer cet argent! La marchandisation du voyage est importante et vient avec la publicité. Qui ne rêve pas de voyager? Pourquoi cet engouement pour le voyage? Et de quel voyage parle-t-on? La plupart du temps de voyage tout inclus ou organisé, sur des plages du Sud ou dans de grandes villes européennes. Ce n’est pas ainsi que j’ai envie de voyager…
Mon idée du voyage vient de plusieurs sources : anciens voyages, lectures (la V’limeuse tout particulièrement). Je crois toutefois que ce qui a eu le plus d’influence sur ma vision du voyage, c’est mon expérience avec Mer et Monde au Sénégal en 2007. Je ne suis pas une grande « idéaliste-écologiste-utopiste ». Je ne recycle pas tout ce que je devrais, je n’achète pas bio ni équitable et je magasine parfois chez Wal-Mart. Toutefois, c’est important pour moi de voyager de façon humaine et dans le respect des habitants du lieu que je visite (du respect, ce n’est pas donner de l’argent, du savon ou des bonbons!). Je ne veux pas aller me sentir chez moi ailleurs. Je veux me sentir à ma place chez eux. C’est bien différent.
Tout ça étant dit, j’en arrive au cœur de ma réflexion. Qu’est-ce que le voyage pour moi? Voyager, c’est sortir de chez moi, mettre de côté mon confort et toutes mes idées pour aller découvrir autre chose. C’est tenter d’écarter pour un moment ma façon de penser et de percevoir afin de pouvoir en accueillir une autre. C’est accepter de vivre autrement, de regarder autrement, de penser autrement. C’est mettre mon identité en transparence afin de laisser les gens, l’environnement la modeler à leur façon. Plus tard, je déciderai ce que je garde et ce que je rejette. Si je rejette d’emblée en me cantonnant dans mes convictions, si je compare sans arrêt avec ce qui m’est familier, je me prive de toute la richesse que le voyage pourrait m’apporter.
C’est bien beau, mais comment ça se vit tout ça? Mai 2007. Nous étions 15 étudiantes qui venions de terminer notre DEC en Sciences, lettres et arts. Nous planifiions ce voyage depuis un an et demi. Nous partions un mois pour le Sénégal. Au départ, notre but était d’aller apporter notre aide à des gens dans le besoin. On a vite compris que ce n’était pas ce que nous allions réellement faire. Ces gens avaient-ils réellement besoin de notre aide? Qui étions-nous pour décider ce dont ils avaient besoin? Non, nous ne sommes pas allés leur construire un pont, trois puits et deux écoles. Nous sommes allés échanger, nous imprégner d’un lieu et d’une culture complètement différente. Nous avons exploré toute la richesse du verbe être aux dépens du verbe faire. Bien sûr, nous avons donné un coup de main pour de menus travaux, mais ce n’était pas l’essence de notre séjour à Kissane.
À Kissane, pour profiter de tout ce que les habitants avaient à m’apporter, j’ai du laisser de côté beaucoup de choses faisant partie de moi : valeurs, répugnances, croyances. J’ai dû accepter de retirer mes lunettes occidentales afin de pouvoir voir le monde à leur façon et en apprécier toutes les beautés et les subtilités. Quand je suis revenue au Québec, des gens m’ont demandé « Tu as du trouver ça difficile toute la pauvreté là-bas! ». Cette question m’a toujours un peu fâchée et troublée. Pour moi, les gens qui m’ont accueillie à Kissane n’étaient pas pauvres! Au contraire, ils avaient une richesse incroyable de partage, de coutumes, de chaleur humaine, d’entraide. Et même au plan matériel! Non, ils n’avaient pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de grande maison, peu de possessions. Ils étaient donc pauvres selon nos critères occidentaux. Mais ce qu’ils avaient leur suffisait. Ils ne vivaient pas dans la misère. Auraient-ils une meilleure qualité de vie avec plus de commodités et de biens matériels? J’en doute fortement!
Le voyage que nous entamerons bientôt est bien différent. Nous n’aurons pas la possibilité de nous imprégner des lieux et des habitants au même degré que ce que j’ai vécu en 2007. J’espère tout de même que j’aurai la chance de découvrir de nouvelles paires de lunettes afin de faire évoluer le regard que je pose sur le monde.
Geneviève