jeudi 26 août 2010

Réflexions marocaines

Maintenant qu'on est rentrées ches nous, j'avais envie de partager quelques réflexions marocaines, quelques éléments observés là-bas qui ont changé mon regard sur certaines choses.

Le fameux voile

Je ne parlerai pas ici du voile intégral, car j'ai moi-même du mal à me faire un opinion. Je parle plutôt du voile porté sur la tête pour cacher ses cheveux.

Chez nous, à l'extérieur du monde musulman, la question du voile déclenche les passions. Nous avons appris qu'en France, les petites filles n'ont pas le droit de le porter à l'école. Dans une société où les femmes se sont battues et se battent encore pour obtenir un statut égal à celui de l'homme, le voile est perçu comme le signe visible de l'infériorité de la femme dans la religion musulmane. Il est associé au crime d'honneur, au mariage forcé, à la soumission de la femme par son mari.

Pourtant, j'ai l'impression qu'une grande partie du problème vient de l'extérieur de l'Islam. Oublions toute la symbolique que nous attachons au voile. Les femmes n'ont pas le droit de montrer leurs cheveux en public. Et alors? Dans notre culture, il n'est pas acceptable pour une femme d'aller seins nus, tandis que les hommes peuvent être torse nu dans certains contextes. Est-ce si différent? Au Sénégal, j'ai vu des femmes qui passaient leurs journées seins nus sans que ça ne gêne personne. Pourtant, ici, ça ne se fait pas. Qui va s'indigner que le port d'un chandail est une obligation imposée par les hommes et qu'elle montre la domination de l'homme dans la culture occidentale? Mais personne! Obligeons les femmes à cesser de porter un chandail et elles se sentiront nues, exposées au regard. Cela ne doit pas être si différent par les femmes immigrantes à qui on retire le droit de porter le voile dans certains endroits publics dans certains pays comme la France. Le voile est aussi un objet de coquetterie, une pièce de vêtements qui fait que la femme se sent belle, comme notre coiffure ou le maquillage, ou nos chandails et blouses... Je me suis même demandé si les petites filles arabes regardaient avec envie leur maman se voiler un peu comme les petites filles chez nous regardent leur maman se maquiller!

Au Maroc, j'ai donc eu l'impression que le voile en lui-même n'est pas problématique. En vase clos, il n'aurait pas à être choisi ou imposé, il serait porté comme une chose toute naturelle, comme nous portons tous nos vêtements. Je crois que les problèmes arrivent lors du choc avec la culture occidentale. Au Maroc, la culture occidentale fascine et effraie. Or, chez nous, les femmes ne portent pas le voile. C'est au contact de notre culture que le port du voile est remis en question par certaines femmes. Et c'est aussi en réaction à notre culture que le voile peut devenir une chose imposée par les hommes à leur femme ou leur fille de peur de les voir commencer à agir commes des "occidentales libérées". Le voile devient un symbole fort et commence à porter beaucoup plus que son poids...

Question de langues

LA langue arabe n'existe pas vraiment. Il y a un arabe scolaire qui est enseigné à l'école. Il y a aussi un arabe dialectal différent selon les pays et les régions. L'arabe marocain est différent de l'arabe libanais et de l'arabe égyptien. Dans certains cas, des Arabes de différents pays vont arriver à se comprendre, mais dans d'autres, ils devront utiliser l'arabe scolaire pour communiquer. Cet état est accepté, reconnu et nous a été expliqué par beaucoup de gens rencontrés au Maroc.

En me faisant répéter sans cesse par les Français rencontrés que nous avions un accent (et pas eux, bien entendu!), après que beaucoup de gens nous aient pris pour des anglophones en raison de ce même accent et après avoir écouté Bienvenue chez les Ch'tis en Bretagne, je me suis dit que le français n'est pas si différent de l'arabe. Il y a un français scolaire officiel que nous apprenons à l'école et qui est assez homogène à travers la francophonie. Il y a ensuite des français qui peuvent être très différent selon l'endroit d'où on vient. Ensuite, il est plus ou moins facile de se comprendre entre les différents français selon leur origine et la bonne volonté des locuteurs! Bref, je me disais seulement que ça devrait être officialisé et reconnu comme tel et qu'on arrête de chercher LE bon français! Les Français en France ne parlent pas mieux que nous!

Petit cochon
Pour terminer, une petite révélation cocasse que j'ai eue. Rachid, notre guide marocain, nous expliquait que les familles dans son village se gardaient souvent une ou deux chèvres ou moutons avec eux au village pendant qu'ils envoyaient le reste du troupeau dans la montagne. Ainsi, s'ils avaient besoin d'argent rapidement, ils n'avaient qu'à vendre la bête. C'est donc leur réserve d'argent. J'ai eu un éclair de génie. « Ah! C'est pour ça que nos tirelires, ce sont des cochons! C'est de là que ça vient! »

Geneviève

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