Comme je l'ai écrit sur un autre message, on a un peu moins accès à Internet au Maroc qu'avant. En fait, il est assez facile de trouver des cafés Internet, mais on s'y installe rarement assez longtemps pour pouvoir donner des nouvelles.
Donc, depuis notre dernier vrai message à Chefchaouen (dont Aimée vous parlera plus longuement quand elle postera enfin son texte que j'aime beaucoup!), nous sommes passées par Meknès et Moulay-Idriss et nous sommes maintenant à Azrou. Je vais essayer de partager quelques moments avec vous.
Meknès est une des villes impériales du Maroc. Nous sommes arrivées tard après une longue journée à expérimenter la ''ponctualité'' marocaine. Chacun de nos autobus avait plus d'une heure en retard. Au moins, nous n'avions pas pris la correspondance trop serrée! Notre hôtel était très bon marché, mais avec la qualité qui allait avec. La chambre était d'une propreté tout juste acceptable et les toilettes étaient.. un trou dans le plancher comme dit Aimée! Souper au resto et dodo. Tout ce qu'on a vu de Meknès ce soir-là a été une avenue très passante de la vieille ville avec beaucoup trop d'hommes attablés à des cafés qui nous fixaient comme des pièces de viande, une ruelle dont s'échappait de la fumée et beaucoup de voitures... Accueillant!
Le lendemain, on a marché et visité un peu les monuments à visiter... Mausolée de l'homme important de la cité, grande porte Bab Mansour (photo), souks, marché... Une visite des monuments de ville, ce n'est pas ce que je préfère!
Mais s'il y a une chose pour laquelle Meknès aura valu la visite, c'est le souper qu'on s'est offert dans le meilleur restaurant de la ville (selon le Routard). Pas de panique, ça nous a coûté 260 Dirhams, donc moins de 30 dollars pour les deux! C'est un restaurant dans un Riad. Les riads sont des hôtels chics de charme, souvent situés dans des anciennes demeures. Celui-là était situé dans un ancien palais. Le décor était vraiment magnifique (photo)! Un assortiment de salades marocaines en entrée (photo). Il y avait de tout: patates, carottes cuites avec des épices, tomates, piments, betteraves, etc. Après, Aimée a pris des brochettes et moi j'ai essayé la pastilla (photo). Ce sont de petites bouchées de pâte feuilletée fourrée de viande (dinde, poulet ou pigeon, je ne sais pas ce qu'il y avait dans les miens...) et saupoudrés de sucre et de cannelle. C'est croustillant et un délicieux mélange de sucré et de salé. Vraiment très bon! Pour dessert, je me suis sucré le bec en mangeant une montagne de melon au miel! Il faut dire que des fruits frais, on n'en mange pas beaucoup ici, risque de turista s'ils sont mal pelés, lavés, etc... Le soleil s'est couché et on a profité de la quiétude de l'endroit sous de douces lumières. Une très belle soirée!
Le lendemain, on a fui la grande ville pour aller vers Moulay-Idriss. Au départ, c'était surtout un point de départ pour aller visiter Volubilis. J'avais lu dans le Routard qu'il y avait des maisons d'hôtes abordables qui semblaient vraiment accueillantes. On a appelé pour réserver: pas de problème, il fallait seulement l'appeler avant de partir pour qu'il vienne nous attendre sur place. On se dirige donc vers la station de grand taxi. En chemin, deux missions: retire de l'argent et trouver un endroit où dîner. La deuxième se règle facilement... dans un Pizza Hut (à côté d'un McDo!). J'avais envie de manger des pâtes, mais j'ai été déçue... La deuxième mission a été plus ardue... À Chefchaouen, il avait fallu essayer 5 guichets. Là, c'est le 6e qui a consenti à nous cracher des billets. C'est décourageant et un peu paniquant! ''Problème de connexion, nous a dit un homme à la banque, je ne peux rien faire, allez essayer dans une autre banque''. Mais quand c'est la 5e que tu essaies... Pffff! Et ça c'est avec une carte à puce! Je ne veux même pas imaginer sans! Ne pas écouter ce que disent les caisses et banques du Québec avant de partir en voyage!
Ces deux missions accomplies, une troisième nous attend: trouver un grand taxi. Je dois d'abord raconter une conversation survenue le matin même entre Aimée et moi.
-G: Ils disent qu'il rentre 6 personnes dans un grand taxi... Ça n'inclut pas le chauffeur ça? Tu mets où la 7e personne de l'auto?
-A:Bah, un grand taxi, ça doit être comme une mini-van...
-G: Hmm... J'en doute... Tu as vu beaucoup de mini-van au Maroc toi? Bah, on verra bien...
On trouve donc la ''station'' de grands taxi qui est en fait un rassemblement de vieilles Mercedes avec plein de gens qui nous sautent dessus à notre arrivée. ''Vous allez où? Moulay-Idriss? Venez ici. Non! Il est plein. Ici plutôt. Sans qu'on est le temps de réagir, on se retrouve les bagages dans le coffre d'une voiture et nous deux heureuses 6e et 7e passagères de la voiture. Eh oui! Ça rentre parfaitement 2 personnes en avant plus le chauffeur et 4 personnes en arrière! Tout le long du trajet, Aimée a eu peur que la portière s'ouvre toute seule et qu'elle tombe en bas! Mais on s'est bien rendues. Sauf qu'en chemin, on a réalisé qu'on avait oublié de téléphoner. Pas grave, on n'aurait qu'à téléphoner en arrivant là-bas!
On a compris qu'arriver dans une nouvelle ville est toujours difficile, particulièrement au Maroc. On ne sait pas où on est, on ne sait pas où on va, on n'a aucun points de repères, on a nos gros sacs sur le dos et souvent un petit en avant... bref, on est des proies parfaites pour les faux guides! Heureusement, avec le temps, on a aussi compris qu'une fois ce moment difficile passé, la ville peut s'avérer très agréable! À Moulay-Idriss, pendant qu'Aimée essaie de téléphoner et a beaucoup de mal à rejoindre le propriétaire de l'hôtel, je suis assaillie par un faux guide très insistant. Il me demande à quelle maison d'hôtes nous allons, me dit qu'on gaspille de l'argent en téléphonant, qu'il va nous amener, que c'est juste à côté, qu'il y a une erreur dans le numéro de téléphone du guide, que si les propriétaires nous demandent d'appeler, c'est qu'ils ont peur qu'un guide amène leurs clients vers un endroit moins cher... Il se fâche que je ne cède pas et va embêter Aimée qui tente de téléphoner. Il est collant à l'extrême et ne lâche pas prise, allant même jusqu'à se fâcher quand un autre homme propose de téléphoner à l'hôtel pour nous aider! Finalement, notre hôte finit par arriver, mais il nous trouve méfiantes et sur les nerfs!
Le Routard qualifie l'accueil de la maison La Colombe Blanche d'une ''gentillesse extrême''. Il ne ment pas! En arrivant, Mohammed nous invite à prendre le thé pour faire connaissance. Puis, il nous dit grosso modo que ce qu'on a envie de faire à Moulay-Idriss, on lui dit et il nous arrange ça: hammam, henné, cuisine, musique, etc. Il nous amène ensuite dans une petite chambre mignonne et très propre... Une terrasse sur le toit... Un paradis! On profite du coucher du soleil sur la ville. Un petit vent frais souffle. On a une vue sur la vallée avec des oliviers, on devine les ruines de Volubilis. Les chants qui montent du mausolée de Moulay-Idriss (qui est bel et bien interdit aux non musulmans et barré d'une poutre en bois, mais je n'aimerais pas non plus que mon lieu saint soit envahi de touristes et camisoles avec leur appareil-photo!) sont doux, envoûtants... Après, on va préparer notre souper avec la maîtresse de maison. On n'est pas d'une grande utilisé dans la cuisine, mais on peut tout voir comment ça se prépare! Et c'est tellement bon!
Ce soir-là, on a relâché notre vigilance et on s'est permis une bonne salade de tomates et concombres avec des herbes... Notre système digestif nous en veut encore... Heureusement, ce n'est rien de grave, on ne se sent pas malades et ça ne gâche pas nos journées! Mais on a le ventre un peu troublé!
Le lendemain, Mohammed s'est levé tôt pour nous préparer notre petit déjeuner. Des bonnes crêpes marocaines! On est parties à pied vers Volubilis, à une heure de là, dans le brouillard (que j'ai peut-être partagé avec mes parents...). Volubilis est un site archéologique très riche. Ce sont des ruines romaines. C'est assez impressionnant, mais comme dit Aimée, après une heure, on avait vu assez de vieilles pierres!
Je vous partage une réflexion (qui est pas mal mon genre...) faite en regardant cette arche de triomphe qui date du 2e siècle. Dans la génération au-dessus de moi, j'ai deux ancêtres. L'autre avant, j'en ai 4. L'autre avant, 8 et ainsi de suite. Si je remonte jusqu'à l'époque où a été construite cette porte, j'ai des milliers d'ancêtres! Et il aurait suffi qu'un d'entre eux soit mordu par un serpent quand il était enfant pour que je n'existe pas... Voilà... Photo de l'arche qui a inspiré cette réflexion si constructive!
Ce soir-là, nous sommes allées assister au moussem de la ville. Un moussem est une grande fête annuelle et nous sommes arrivées en plein dans celui de Moulay-Idriss! Nous sommes allées nous installe le long de la rue où le défilé aurait lieu, sans savoir trop à quoi nous attendre. Des femmes sont arrivées et se sont assises près de nous avec leurs enfants. Nous avons échangé de nombreux sourires, elles nous ont prêté un bout de tissu sur lequel nous asseoir... Et nous avons attendu, attendu, attendu... Attendu encore... Ils ont installé des barrières le long de la rue, les gens sont arrivés de plus en plus nombreux. Et nous avons attendu... Des jeunes jouaient de la musique. Et nous avons encore attendu! Tout à coup, oh la la! nous avons aperçu un tapis à la verticale, accroché à des poteaux et précédé pars des gens avec des drapeaux. Ils ont fait un pas. Ça y est! Et non, ils s'arrêtent. On attend... Oh! Ils bougent! Eh non, ils s'arrêtent encore. La foule devenait de plus en plus dense, il fallait se battre pour garder une place... En une heure, ils ont dû avancer de 20 mètres... Des garçons devenaient insistants et repassaient près de nous sans cesse et tentaient de nous parler même si on les ignorait. On entendait quelques ''Hé! Gazelles!'' (mot pour désigner les Européennes) Après avoir attendu tout ce temps, on est finalement parties après avoir seulement entrevu ce qui se passait: des hommes dansaient, jouaient de la musique et chantaient entre deux tapis. On a compris que la procession allait avancer lentement une bonne partie de la nuit pour se rendre jusqu'au tombeau... On a appris plus tard qu'il y avait des processions de ce genre plusieurs soirs de file lors du moussem.
En rentrant, j'ai eu besoin d'air et je suis allée m'étendre sur la terrasse. La foule m'avait oppressée. Je m'étais battue longtemps pour garder le moindre pouce carré de mon espace et je me l'était ait voler! Mohammed était inquiet, voulait aider... Il était un peu papa à ce moment-là! Plus tard, il nous a préparé une soupe (qui n'est habituellement pas au menu) parce qu'on ne voulait manger que de la nourriture bien cuite et simple vu l'état de notre système digestif. Il a montré à Aimée comment préparer le thé. On a aussi discuté longuement avec lui. Il a étudié en géographie et en histoire mais, ne trouvant pas de travail, il est devenu commerçant, puis gérant de maison d'hôte. Il a une femme et trois enfants que nous avons aussi un peu côtoyés. Il a été vraiment gentil et nous a dit que nous ne devons pas nous laisser troubler par les gens trop insistants, mesquins ou franchement achalants ou vulgaires que nous croisons, que nous devons les ignorer et laisser leurs paroles couler sans nous atteindre.
Puis, comme je l'avais demandé, il a fait venir une hennyate. J'avais envie d'avoir un tatouage au henné. Beaucoup de femmes en ont. Le henné est une teinture qui reste sur la peau environ une semaine ou selon le type de peau. Une jeune fille timide, de notre âge probablement est venue et m'a fait choisir un motif dans un cahier. Quand elle a sorti une aiguille (dans une enveloppe stérile), Aimée et moi nous nous sommes regardées avec un air effarouché, mais elle a ri gentiment et Mohammed nous a expliqué que ce n'était pas pour piquer, mais pour pouvoir tracer de fines lignes. Comme de fait, elle a retiré le bout piquant de l'aiguille. Voilà le résultat! J'aime beaucoup!
Pendant que je laissais sécher, Mohammed nous a amenées visiter la ville de nuit. Nous ne serions pas allées seules, mais avec lui et son petit garçon, c'était bien plaisant. Être accompagnées ou pas par quelqu'un de la place fait vraiment une différence!
Ce matin, Mohammed est venu nous reconduire jusqu'à l'autobus. Grâce à lui, nous avons vraiment apprécié notre séjour à Moulay-Idriss. Son accueil nous a vraiment émues. Merci!
Geneviève
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Une chance que je n'ai pas été mordu par un serpent... Il faut dire qu'au Québec, il n'y a que les couleuvres qui mordent!!! Et ça fait pas trop mal même si ça fait quand même un peu peur à une petite fille...
RépondreSupprimerJe t'aime,
Pôpa XX
WOW :) BEAU TATOO!!
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