Chers lecteurs de notre blogue,
Ha la la la... La journée d'hier a été dure ! Ça avait pourtant bien commencé : on quittait cet hôtel tranquille et à l'accueil gentil, mais aux planchers sales, aux draps douteux et à la salle de bain jamais propre. On a acheté un pain et une bouteille d'eau avant de prendre le bus pour Chefchaouen. Contrairement à beaucoup de trajets de bus effectués en Corse ou en Espagne, je n'ai pas eu le mal des transports, même si on a été assises dans la dernières rangée de sièges en arrière pendant une bonne partie du trajet. Cool, n'est-ce pas ? Geneviève en a été heureuse. En arrivant à Chefchaouen, j'ai même vécu ma première expérience de toilettes style "trou dans le plancher avec petit robinet pour te nettoyer les mains une fois que t'as fini" de façon relativement sereine. Qui l'eût cru ?
Jusque là, ça va bien, n'est-ce pas ? Ça va même très bien... Là où ça se corse (ou ça se "marroque", peut-être ?), c'est quand on a nos packsacs sur le dos et qu'on cherche notre chemin vers l'hôtel. Il fait 42 et la ville est en pente. On monte. Ajoutez des rabatteurs plus qu'insistants et des chasse-touristes collants. À l'un d'entre eux, j'ai dit : "Ça suffit !" d'une façon très bête. Il m'a répondu par une insulte : "Saloppe !". De toute ma vie, on ne m'avait encore jamais lancé ce mot-là. Les rabatteurs, les chasse-touristes et les jeunes hommes qui veulent beaucoup trop être ton ami, on en a subi à la pelletè à Tanger. Notez que j'avais des pantalons longs d'un brun-beige Parc Canada¸ un chapeau de paille puant de sueur et un t-shirt pas moulant. C'est tout sauf sexy et aguichant. On voit régulièrement des touristes nettement moins habillées que ça... Enfin.
Hier après-midi, je filais vraiment pas. Rien à voir avec la bouffe, l'eau ou l'hôtel (impeccablement propre, au personnel très gentil et à l'allure sympathique). Je me sentais juste pas bien... Geneviève a fini par me traîner sur une terrasse pour prendre quelque chose en profitant de la musique du Festival Alégria de Chefchaouen. Excellente idée. Entre nos jeux de rébuts, le fanta, le thé à la menthe, l'eau fraîche et le biscuit au sésame, ça allait déjà mieux. On s'est plus tard dirigées vers le café internet. On n'y est finalement pas allées, s'étant arrêtées à une boutique et y ayant passé beaucoup, beaucoup de temps. On y a rencontré une femm0 anglophone (à l'accent, nord-américaine), qui voyage depuis déjà 5 mois avec son coinjoint. Ils sont partis pour 1 an. Je lui ai demandé ce qu'ils avaient fait au Maroc jusqu'à maintenant, comment ça se passait, ce qu'elle avait préféré. On a aussi parlé des rabatteurs et de la difficulté que j'ai à composer avec. La conversation s'est finie sur une note très positive. Son expérience du Maroc s'est avérée globalement très agréable jusqu'à maintenant (ça fait 3 semaines qu'elle et lui sont au Maroc). Pour les rabatteurs, apparemment, il faut juste essayer d'ignorer et ne pas se laisser démonter le moral. Le gars de la boutique a ajouté son grain de sel. Il disait que certains hommes lancent parfois des insultes, mais que ça s'arrête toujours là. Ses commentaires allaient dans le même sens que le Routard : les rabatteurs ne sont pas dangereux, même s'ils peuvent se montrer verbalement aggressifs et particulièrement grossiers.
Qu'à cela ne tienne, on va se donner une chance d'essayer d'apprécier l'endroit. On commence à comprendre que les rabatteurs se tiennent près des lieux de transit (gares routières, ports, etc.) et sur certains axes fréquentés et re-fréquentés des touristes, comme les entrées des médinas. C'est leur gagne-pain : essayer d'attrapper quelques touristes, jouer les pseudo-guides et ramasser quelques dirhams. Je suppose que ça fera partie de l'expérience...
Ce matin, on a marché dans les petites rues bleues de la ville, où relativement peu de touristes semblent aller. Les gens sont beaucoup plus sympathiques. On a échangé des sourires et des bonjours. J'en étais presque émue. C'est dire à quel point nos contacts avec les gens d'ici sont dominés par la nature commerciale des échanges. On s'est retrouvées près de l'endroit où les femmes lavent le linge. C'est un point de la rivière qui a été aménagé avec des lavoirs et une plateforme de béton laisser de grands morceaux se rincer à l'eau courante. Les femmes y posent aussi leurs bassines. Certains y vont en famille. On a vu un homme faire faire "l'avion" à une petite fille dans l'eau. Ça fait du bien d'entrevoir le quotidien ordinaire du monde. Une excellente promenade...
Bref, le choc culturel : celui auquel je m'attendais, c'est par rapport aux conditions de vie. Non, les gens ne sont pas riches et on a entrevu, du bus, des quartiers qui ressemblent à des bidon-villes, mais bizarrement, c'est pas ça qui m'a causé un choc. Mon choc, c'est comment je me sens parfois traitée comme femme étrangère.
Let's give Morroco (and myself) a chance.
Aimée, en apprentissage de la vie
samedi 10 juillet 2010
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