dimanche 21 novembre 2010

Ici et maintenant

Aujourd'hui, ça fait 95 jours qu'on est revenues. Demain, ça fera aussi longtemps qu'on est revenues que ce que le voyage aura duré. J'ai entendu dire qu'il faut aussi longtemps pour revenir de voyage que le temps que le voyage-même dure.

Je repense souvent au voyage, aux gens qu'on a rencontrés, aux lieux où on s'est arrêtées pour prendre le temps de respirer. Il y a des moments que je revivrais volontiers, mais je sais que ça ne serait pas pareil. On ne peut pas vraiment revivre un moment.

Je ne sens plus le besoin viscéral de repartir immédiatement pour l'autre bout du monde. On dirait que les 96 jours de voyage, plus les 95 jours de retour m'ont permis de relativiser les so-called différences culturelles qui me donnaient envie de partir à l'autre bout du monde à tout bout de champ.

Quand je suis revenue, en 2007, je m'étais rendu compte, avec surprise, que j'en avais peut-être appris plus sur moi et d'où je viens que sur là-bas. Aujourd'hui, j'ai l'impression que la dichotomie entre ici et là-bas ne tient plus vraiment la route. Ici, c'est aussi là-bas, et là-bas, c'était aussi ici. C'est dur à expliquer. C'est un tout. Un gros tout. Un seul et unique gros ensemble, où tout est relié beaucoup plus intimement qu'on le pense, et où le véritable lointain est peut-être mon voisin d'en-dessous, que je ne connais toujours pas même si ça fait plus qu'un an que j'habite ici.

J'ai encore envie de partir (vous pensiez que j'étais guérie ? raté !), mais moins loin. J'ai envie d'aller travailler dans les provinces maritimes de l'Est du pays. Je me dis que ça serait une bonne chose d'y aller en vélo. Quand, je sais pas. On verra. Pas rendue là encore...

Quand je me promène à l'université, je vois tellement de choses sur l'humanitaire, les stages à l'étranger, les bonnes oeuvres bien pensantes qui nous invitent à envoyer notre vieux linge en Chine, à donner pour Haïti, à soutenir X ou Y orphelinat en Inde... Ça me fait tellement bizarre, maintenant. Y'a tellement de misère ici aussi et on dirait qu'on ne fait pas attention ou qu'on se dit que c'est moins pire, ou que les gens qui sont dans la misère ici l'ont fait exprès. Pourquoi, à McGill, on n'arrête pas d'organiser des bake sales pour l'autre bout du monde alors qu'il y a tant à faire ici ? Quelque chose m'échappe.

On dirait que c'est correct d'être pauvre à l'autre bout du monde, mais que ça l'est pas de l'être ici. C'est vrai qu'avec tout ce qu'on se raconte sur notre beau système d'éducation, l'égalité des chances, la lutte contre le décrochage et tout le tra-la-la, c'est dur de regarder la pauvreté d'en face en face.

On dirait aussi qu'il faut sauver le monde à tout prix, un sac vert, un bac de recyclage, un muffin et une barre de chocolat à la fois. Sauver le monde, parce que le monde a besoin d'être sauvé. Je me demande si le monde a tant besoin d'être sauvé. au sens où on l'entend le plus souvent. Je me demande s'il faut vraiment tout développer, tout intégrer, tout amener vers la [prétendue] modernité...

J'ai l'impression que le bonheur n'est pas là où on le cherche le plus : là-bas, hier ou demain. J'essaie de revenir au « ici et maintenant ».

Dans beaucoup d'invitations à sauver le monde, il est question d'argent. « Donnez tant, sauvez-en tant ! » Quelque chose m'échappe, encore une fois. J'ai l'impression que c'est vain d'envoyer de l'argent tant qu'on continue à envoyer des bombes, à vendre des fusils et à extraire le minerai. Faudrait d'abord changer d'attitude, arrêter d'envoyer des bombes, arrêter de vendre des fusil et arrêter d'extraire tout ce minerai. Un peu d'ouverture, de l'air frais. Faut que ça commencer ICI et MAINTENANT. Que « fif » et « gouine » ne soient plus des insultes de cours d'écoles, qu'on arrête de parler de nous et d'eux, qu'on arrête de défendre nos intérêts et qu'on commence à essayer de se comprendre pour vrai, qu'on dise enfin « non « quand on pense « non » pour dire enfin « oui » quand on pense « oui », qu'on se demande ce qui est important, pour de vrai, et qu'on en prenne soin, pour de vrai...

Je m'arrête ici, faut que j'aille couper des oignons pour ma soupe aux pois.

Aimée

mercredi 6 octobre 2010

Début d'ébauche de conclusion

Papa, tu m'avais demandé une conclusion, disant que ça manquait au blogue. Mettons que ça sera un début d'ébauche...

Ça fait 49 jours qu'on est revenues et je me sens sur une autre planète. Je me sens avalée par la dévoreuse spirale universitaire qui m'entraîne dans les bas fonds de notes en bas de pages et les lectures interminables.

Les petites choses qui faisaient mon bonheur quotidien cet été s'évanouissent en même temps que ma vue dépérit à force de lecture et de manque de sommeil. Ça va avoir l'air vraiment innocent, mais laver mon linge à la main dans la chaleur de l'été marocain, c'était vraiment le fun. Me semble que c'était ça que de prendre le temps de vivre. Ici, ma machine à laver est d'une efficacité douteuse et mon appart commence à devenir humide avec le linge qui sèche sur le rack et le temps qui rafraîchit rapidement au fur et à mesure que l'été nous quitte.

J'idéalise nos vabondages estivaux.

Marcher. Se lever avant le soleil non pas pour aller à l'école, mais pour traîner son pack sac sur des hauteurs. Suer, non pas pour arriver à l'heure au Leacock ou au Arts Building, mais parce que la vue sera belle en haut. Ça me manque. Beaucoup.

Le temps aussi me manque. Dans tous les sens.

J'ai juste hâte au prochain départ. Il me prend des envies d'imiter les bernaches et partir dans le Sud. Je le ferais à vélo. J'ai regardé sur Google Maps. Montréal-Miami, c'est de l'ordre de 2700 km (à peu près en ligne droite). Motivé mais raisonnable, je suppose que ça se ferait en un mois. Beaucoup plus, j'imagine, si on arrête quelques jours par-ci par-là. De là, j'imagine un passage vers les Antilles et une petite courbe vers la péninsule du Yucatan...

J'avoue que par bouts j'en a plein mon casque d'avoir l'impression de tourner en rond en théorisant le néant. J'ai envie de reprendre la roue (oups, lapsus... la route.). Ça me démange.


Je retourne à mes lectures. Essayer de lire encore quelques pages, étirer les limites de la nuit et gaspiller un peu de graphite sur des pages déjà trop noires de mots.


Aimée

mardi 21 septembre 2010

Encore des chiffres!

Après avoir mis des pourcentages et des graphiques, voilà d'autres chiffres pour ceux que ça intéresse! Voici donc notre voyage en chiffres!

Mare e Monti 2010, c'est

95 jours
3 avions
5 bateaux
18 trains
23 autobus
12 taxis
3 pays
7 langues
36 lits
64 villes et villages
16 1/2 jours de randonnée (la 1/2 c'est quand je me suis foulé la cheville!)

Geneviève

mercredi 15 septembre 2010

Wow! C'est un beau voyage, mais je n'ai pas d'argent pour faire ça!

Eh oui! On a encore des choses à poster sur le blogue un mois (presque) après notre retour!

On souhaitait faire un article sur le budget de voyage. Pourquoi? Pour la phrase que j'ai mise dans le titre. Partir trois mois, ça peut faire peur au porte-feuille. Mais une fois rendues ici, quand on disait combien ça nous avait coûté, on avait des réactions comme « Mon ami est parti une semaine et ça lui a coûté seulement la moitié du prix de votre voyage! » Partir plus longtemps ne coûte pas nécessairement beaucoup plus cher, surtout pas à la journée! (Ça dépend bien sûr de la façon de voyager.) Ce qui est cher, c'est le billet d'avion, alors aussi bien rester là-bas longtemps pour le rentabiliser! Je vous met un premier graphique qui montre nos dépenses en fonction du lieu. En raison de l'organisation de notre voyage, j'ai mis la Corse à part de la France. La catégorie « France » inclut Nice et les environs au début du voyage, Lyon et la Bretagne à la fin.




En sortant ce graphique, j'ai été surprise par les proportions qu'il me donnait. C'est presque réparti équitablement même si le temps passé aux différents endroits est différent! Je vais mettre une deuxième série de graphiques, puis je ferai quelques commentaires. Ces quatre graphiques montrent la proportion de différentes dépenses selon le lieu.




Quelques commentaires:
-On voit que ce sont les dépenses pré-départ qui prennent la plus grande part du gâteau (27%). Cette catégorie inclut les billets d'avion (gros morceau!), la pase de train, du matériel, quelques livres, bref ce sont des dépenses qui sont peu influencées par la longueur du voyage. Sur un voyage court, la proportion aurait été encore plus importante! Bonne raison pour partir longtemps et rentabiliser ces grosses dépenses!
-La Corse compte pour 20% des dépenses. C'est là où on est restées le plus longtemps et c'est aussi là que le coût de la vie était le plus cher. On aurait difficilement pu se permettre cette île aussi longtemps s'il n'y avait pas eu Jickye pour nous accueillir! C'est aussi là que la nourriture nosu a coûté le plus cher et ce n'est pas parce qu'on a abusé du resto! En plus, on pouvait cuisiner! La nourriture coûte simplement plus cher.
-L'Espagne compte seulement pour 11% des dépenses, mais c'est cohérent, car on y a passé moins de trois semaines. On voit aussi que c'est l'hébergement qui nous a coûté le plus cher. C'était difficile de trouver des hôtels ou auberges de jeunesse à petit prix et le CouchSurfing n'a pas fonctionné.
-Même si on a mangé beaucoup (presque toujours!) au resto et dormi dans des hôtels toutes les nuits, le Maroc ne nous a pas coûté plus cher que la Corse et la France! Une journée typique au Maroc nous coûtait à deux: 100Dhs pour la chambre, 20+80+200Dhs pour les repas au resto, 100 Dhs de transport, 100 Dhs d'autres dépenses (eau, fruits secs, liqueurs, souvenirs,etc.). Ce sont de grossières approximations, mais ça fait 300 Dhs chacune, donc environ 30$ par jour. C'est à peine plus cher que ce que me coûte une journée moyenne ici selon mes calculs de 2009. Et ça c'est en logeant à l'hôtel et en mangeant au restaurant, en visitant, etc. Le coût de la vie y est vraiment moins élevé.
-Revenons à la France. Heureusement que des gens ont eu la gentillesse de nous héberger en CouchSurfing, sinon ça aurait aussi crevé notre budget. Les auberges de jeunesse en France et les billets de train sont vraiment plus chers que ce à quoi je m'attendais. Comme on a été bien accueillies, on s'en est bien sorties malgré quelques nuits et voyages coûteux.
Voilà. Je voulais montrer qu'il est possible de voyager sans se ruiner. Il faut bien gérer son budget et choisir une façon de voyager (hébergement, transport) qui est en accord avec celui-ci. On ne s'est pas restreintes outre-mesure (on a mangé BEAUCOUP de fromages, de la crème glacée, , on a ramené des cadeaux, on a fait de l'équitation, de la plongée, etc.). Il est donc possible de voyager pour encore moins cher. Voyager hors saison (ce qui n'était pas notre cas!) semble aussi faire une grande différence pouvant aller jusqu'à réduire de moitié certains prix.
Geneviève

jeudi 26 août 2010

Réflexions marocaines

Maintenant qu'on est rentrées ches nous, j'avais envie de partager quelques réflexions marocaines, quelques éléments observés là-bas qui ont changé mon regard sur certaines choses.

Le fameux voile

Je ne parlerai pas ici du voile intégral, car j'ai moi-même du mal à me faire un opinion. Je parle plutôt du voile porté sur la tête pour cacher ses cheveux.

Chez nous, à l'extérieur du monde musulman, la question du voile déclenche les passions. Nous avons appris qu'en France, les petites filles n'ont pas le droit de le porter à l'école. Dans une société où les femmes se sont battues et se battent encore pour obtenir un statut égal à celui de l'homme, le voile est perçu comme le signe visible de l'infériorité de la femme dans la religion musulmane. Il est associé au crime d'honneur, au mariage forcé, à la soumission de la femme par son mari.

Pourtant, j'ai l'impression qu'une grande partie du problème vient de l'extérieur de l'Islam. Oublions toute la symbolique que nous attachons au voile. Les femmes n'ont pas le droit de montrer leurs cheveux en public. Et alors? Dans notre culture, il n'est pas acceptable pour une femme d'aller seins nus, tandis que les hommes peuvent être torse nu dans certains contextes. Est-ce si différent? Au Sénégal, j'ai vu des femmes qui passaient leurs journées seins nus sans que ça ne gêne personne. Pourtant, ici, ça ne se fait pas. Qui va s'indigner que le port d'un chandail est une obligation imposée par les hommes et qu'elle montre la domination de l'homme dans la culture occidentale? Mais personne! Obligeons les femmes à cesser de porter un chandail et elles se sentiront nues, exposées au regard. Cela ne doit pas être si différent par les femmes immigrantes à qui on retire le droit de porter le voile dans certains endroits publics dans certains pays comme la France. Le voile est aussi un objet de coquetterie, une pièce de vêtements qui fait que la femme se sent belle, comme notre coiffure ou le maquillage, ou nos chandails et blouses... Je me suis même demandé si les petites filles arabes regardaient avec envie leur maman se voiler un peu comme les petites filles chez nous regardent leur maman se maquiller!

Au Maroc, j'ai donc eu l'impression que le voile en lui-même n'est pas problématique. En vase clos, il n'aurait pas à être choisi ou imposé, il serait porté comme une chose toute naturelle, comme nous portons tous nos vêtements. Je crois que les problèmes arrivent lors du choc avec la culture occidentale. Au Maroc, la culture occidentale fascine et effraie. Or, chez nous, les femmes ne portent pas le voile. C'est au contact de notre culture que le port du voile est remis en question par certaines femmes. Et c'est aussi en réaction à notre culture que le voile peut devenir une chose imposée par les hommes à leur femme ou leur fille de peur de les voir commencer à agir commes des "occidentales libérées". Le voile devient un symbole fort et commence à porter beaucoup plus que son poids...

Question de langues

LA langue arabe n'existe pas vraiment. Il y a un arabe scolaire qui est enseigné à l'école. Il y a aussi un arabe dialectal différent selon les pays et les régions. L'arabe marocain est différent de l'arabe libanais et de l'arabe égyptien. Dans certains cas, des Arabes de différents pays vont arriver à se comprendre, mais dans d'autres, ils devront utiliser l'arabe scolaire pour communiquer. Cet état est accepté, reconnu et nous a été expliqué par beaucoup de gens rencontrés au Maroc.

En me faisant répéter sans cesse par les Français rencontrés que nous avions un accent (et pas eux, bien entendu!), après que beaucoup de gens nous aient pris pour des anglophones en raison de ce même accent et après avoir écouté Bienvenue chez les Ch'tis en Bretagne, je me suis dit que le français n'est pas si différent de l'arabe. Il y a un français scolaire officiel que nous apprenons à l'école et qui est assez homogène à travers la francophonie. Il y a ensuite des français qui peuvent être très différent selon l'endroit d'où on vient. Ensuite, il est plus ou moins facile de se comprendre entre les différents français selon leur origine et la bonne volonté des locuteurs! Bref, je me disais seulement que ça devrait être officialisé et reconnu comme tel et qu'on arrête de chercher LE bon français! Les Français en France ne parlent pas mieux que nous!

Petit cochon
Pour terminer, une petite révélation cocasse que j'ai eue. Rachid, notre guide marocain, nous expliquait que les familles dans son village se gardaient souvent une ou deux chèvres ou moutons avec eux au village pendant qu'ils envoyaient le reste du troupeau dans la montagne. Ainsi, s'ils avaient besoin d'argent rapidement, ils n'avaient qu'à vendre la bête. C'est donc leur réserve d'argent. J'ai eu un éclair de génie. « Ah! C'est pour ça que nos tirelires, ce sont des cochons! C'est de là que ça vient! »

Geneviève

dimanche 22 août 2010

Montréal, 5h20 du matin

Geneviève ajoute sa marque en italique...

Nous sommes maintenant à Montréal depuis jeudi dernier. Aujourd'hui on est dimanche et il est 5h20 du matin. C'est ça, le décalage horaire. Notre premier matin à Montréal, on s'est levées à 5h15 pour faire du ménage et se réapproprier notre appartement!

On ne vous a pas raconté grand chose de la fin du voyage ! J'y vais dans le désordre, mais vous suivrez quand même, n'est-ce pas ? Vous pardonnerez nos silences de plusieurs jours, je l'espère. On a plein de choses à vous raconter et Geneviève est en train de préparer des statistiques intéressantes, dont on vous présentera un échantillon prochainement... Ça, c'est en plus des photos qui s'en viennent ! Bref, ne désespérez pas... Enfin, trève de promesses, je vous raconte notre retour !

On a quitté l'appartement de Camille et Cindy, dans la banlieue sud de Paris, pour l'aéroport Paris-Orly, aussi au sud de Paris, vers midi moins quart. On a traîné nos monstres de sacs sur les étroits trottoirs, attirant les regards perplexes des gens qui jasaient devant chez eux, travaillaient à rénover des façades ou allaient tout bonnement acheter leur baguette du matin (ou des petits pains au chocolat, la-laï-la-laï-la ! Aimée est incapable de dire "pain au chocolat" sans la suite msicale!). Pendant le trajet de bus, une station blanche a omis de faire son angle mort et a failli nous rentrer dedans. Dans le bus, les passagers retenaient leur souffle jusqu'à ce que le chauffeur décide de klaxonner. Ça s'est passé un peu au ralenti. Sous l'effet du coup de klaxon, la station blanche s'est replacée dans la bonne voie. Soupirs et jurons de soulagement dans le bus.

À Orly, on a cherché un peu et attendu pas mal. Dans un souterrain menant à l'aéroport, on a croisé une femme mi-assise, mi-couchée par terre et à moitié endormie, avec quelques pièces devant elle. J'ai arrêté Geneviève quelques mètres plus loin, dans un tournant : « T'sais, nos cannes de pâté... Ça serait quand même mieux que de les jeter, hein ? » En faisant nos sacs une ultime fois, on n'avait pas pensé à nos conserves de pâté. On les avait prises pour la randonnée en Bretagne, laquelle a été écourtée pour cause de foulure de cheville. On n'avait jusque-là plus pensé à ces conserves, jusqu'à ce qu'on soit dans le bus et qu'on constate qu'il faudrait les jeter, parce que ça serait un maudit paquet de troub'e pour passer aux douanes canadiennes. Je les sors du sac de Geneviève et je prends aussi la conserve de keftas de sardines qui nous reste du Maroc. Je vais les lui donner. Le sourire que j'ai reçu en échange, je ne l'oublierai pas. J'ai cru entendre un "inch Allah" à travers une bénédiction en arabe. C'est resté un de mes plus vifs souvenirs de la fin du voyage. Je sais pas si vous le savez, mais en ce moment, c'est le Ramadan. C'est apparemment la période religieuse la plus importante de l'Islam. Ça s'étire sur un mois et c'est l'occasion de nombreuses festivités et rencontres. Être sans-abri pendant le Ramadan, ça doit être à peu près la même chose que d'être sans-abri à Noël.

On a pris l'avion : 7h10 de vol. J'aime pas prendre l'avion. L'atterrissage s'est fait vers 17h30. Une heure plus tard, on retrouvait nos familles. Entre temps, j'ai dû présenter des explications sur le bout de corne de chèvre que je ramenais, oui, de la corne de chèvre... J'avais ramené une flûte berbère à Geneviève. Y'avait un bout de corne de chèvre dessus... C'était une demie surprise (elle savait qu'il y avait une surprise, mais elle ne savait pas quoi). Surprise bousillée. Les douaniers ont quand même été gentils, Geneviève a pu avoir sa flûte.

Vers la Bretagne
En quittant Lyon (vous vous souvenez ? Lyon, on vous en a parlé !), on s'en allait vers la Bretagne. Je sais pas si vous visualisez les points sur la carte, mais ça revient grosso modo à traverser les trois quarts de la France. À Lyon, on cherchait le moyen le plus économique de se rendre. On a considéré le co-voiturage, mais pas de téléphone portable, c'est vachement compliqué. On a fini par opter pour un trajet de train bizarrre : Lyon-Tours, Tours-Nantes, pause d'une nuit, Nantes-Quimper, Quimper-Brest ! Tout ça en TER (les trains pas rapides, qui sont aussi, sans surprise, les moins chers). Entre Lyon et Tours, on a eu droit à un contrôle d'identité par les gendarmes, puis aux chiens qui cherchaient manifestement du kiff (du pot, en d'autres termes). Dans le wagon d'à côté, une fille s'est fait prendre avec son petit ziploc. À la gare suivante, la gendarmerie, qu'on a vu agir de façon très professionnelle et sans abus, a débarqué la prise du jour : 3 ou 4 personnes. L'épisode m'a fortement marquée. On a réalisé que si quelqu'un avait eu quelque chose à cacher, que nos packsacs auraient été une cible facile, parce qu'on ne les avait pas à l'oeil. Voyez-vous, c'est difficile de caser deux sacs de 60 litres dans un train pas mal plein tout en les ayant à l'oeil. Bref, ils voyageaient souvent un wagon avant ou après nous.

À la gare de Brest, Christine nous attendait. Elle nous a fait faire un petit tour de la ville, puis on est rentrées chez elle et on a fait connaissance avec Alain, son mari, et Marion, leur fille aînée. Pour la première fois depuis des mois, on a entrevu le téléjournal. En trois mois, j'ai lu un seul journal (Monde diplomatique, en attendant Caroline à la gare de Casa) et pas regardé la télé. On a soudain eu l'impression que le monde s'écroulait. Incendies en Russie, inondations au Pakistan, etc. Être remis en contact avec le téléjournal après plusieurs mois d'ignorance de ce qu'on appelle pompeusement « l'actualité » donne vraiment un petit frisson surréaliste. On a soupé, on a parlé, on a regardé des photos et des dessins. Eux aussi ont voyagé pas mal et on a pu échanger sur le Maroc et le Québec. Apparemment, la Jordanie, c'est très intéressant aussi. Le lendemain, on a pique-niqué sur une grève près de Brest. Il faisait très soleil. Alain a fait goûté une palourde crue à Geneviève, qui a trouvé ça gluant. Le soir, on a mangé des crêpes, bretonnes, évidemment ! L'accueil de Christine et de sa famille a été chaleureux. Vive CouchSurfing.

On a quitté Brest pour Roscoff, où nous attendait Gurvan. Roscoff est une ville où une proportion importante [Geneviève, quels sont les chiffres exacts ? - 300 personnes y travaillent pour une population de 3000 personnes] de la population travaille au centre de recherche scientifique (biologie marine, si j'ai bien compris). Gurvan y travaille. Roscoff a du charme avec son port, sa vieille église et ses maisons de pierre. Même le centre de recherche est beau. Roscoff a été notre point de départ pour partir rouler (on a loué des vélos, pour mon plus grand bonheur !) sur l'île de Batz, en face de la ville. On mettra des photos. Il y a des champs, presque pas de voitures, de très jolies maisons et la mer. Et beaucoup de touristes aussi, mais ça, on n'y échappe pas souvent. De Roscoff, on est aussi parties faire un tronçon de GR34, qui est un sentier côtier. On était parties pour 3 jours, mais à la deuxième journée, au matin, Geneviève s'est foulé la cheville sur une dénivellation de 3 cm... allez, peut-être 4 et demi. On a vu tellement plus rocailleux et pentu comme sentier, et c'est là qu'une cheville se tord ! C'est un peu absurde, mais l'absurdité à du bon. Sur la côte bretonne, près de Moguériec, il y a des maisons partout. Je n'ai eu qu'à marcher quelques minutes pour parler à Mme Le Duc, qui m'a permis de laisser un pack sac chez elle en attendant que je revienne avec Geneviève et l'autre pack sac. En émoi, Mme Le Duc a même appelé son voisin, un Breton bien bâti, qui s'est amené vers nous avec ses bottes de pluie et sa vareuse rose poour proposer de transporter Geneviève : « J'ai une brouette, aussi, si vous préférez. », a-t-il proposé à la blague - blaguait-il vraiment?. On a pu appeler, un peu gênées, Gurvan, qui avait certainement beaucoup d'autres choses à faire que le taxi, mais qui est venu quand même. Ce soir là, j'ai préparé des pâtes avec une béchamel aux pétoncles (achetées dans le port, vivantes et avec les coquilles), oignons et champignons en guise de merci.

En Corse, on avait rencontré Gérard et Évelyne, deux Bretons. Gérard avait lu le blogue tout l'été et vu qu'on avait écrit à partir de Nantes. On a donc reçu une invitation pour Rennes, qu'on a acceptée avec plaisir ! On a donc pu visiter un peu le centre historique de Rennes. Géard et Évelyne m'ont montré le bâtiment où Dreyfus a été jugé et condamné, j'en ai été impressionnée. C'est pas que le bâtiment soit particulièrement impressionnant, mais surtout que j'étais comme troublée de me trouver devant ce lieu-là. Ça faisait un peu comme marcher sur les Plaines d'Abraham. En après-midi [Oups ! J'ai accidentellement publié le message... Une chance que je peux le modifier...] on est allés tous les 4 à Saint-Malo, fort jolie ville où il y a même 6 drapeaux québécois et une Maison du Québec... Sous plusieurs aspects, la Bretagne, c'était comme rentrer à la maison ! D'abord, on était, entre Brest et Rennes, « à la maison » - quel bonheur, après plusieurs semaines de nomadisme -, puis la Bretagne ressemble un peu à ce qu'on a de côtes par chez nous. Après St-Malo, on est allés sur la côte, voir la plage préférée de Gérard et Évelyne (magnifique plage très peu achalandée...) et Pointe au groin (Grouin, Aimée!), dont on a de magnifiques photos. Soyez patients. On est ensuite allés vers une ville où se fait la culture des huîtres ! À marée basse, ça ressemble vaguement aux usines de Sauron. On y a mangé des moules. Mhh. C'est bon, la Bretagne... Le beurre salé, le caramel salé, c'est ça aussi qu'Aimée aimait!

Le lendemain matin, on repartait assez tôt pour Paris. C'était déjà le 16 août. Un autre long trajet de train. On a retrouvé Camille et Cindy, qui nous avaient déjà hébergées le 17 mai, au tout début du voyage. Dans le métro, j'avais l'impression que tout recommençait. C'était comme passer « Go » au Monopoly.

Au sujet de la tour Eiffel, Geneviève m'a dit : « C'est juste un gros boutte de métal laite, pis les gens y trouvent ça beau parce qu'il sont supposés trouver ça beau. » Je n'ai pas trouvé la tour Eiffel particulièrement moche. Je ne l'ai pas trouvée particulièrement belle non plus, mais Geneviève, je l'ai trouvée vraiment drôle... Geneviève a le don d'enchanter certains moments banals et d'en désenchanter d'autres, pour mon plus grand bonheur, même si parfois on en voit de toutes les couleurs. En fait, elle les ré-enchante, à sa manière. Si Geneviève ré-enchante, moi je re-dessine. Pour son plaisir, j'ai transformé, en quelques coups de crayons, la tour Eiffel en immense girafe, en gros chat et en madame-qui-fait-tomber-tout-le-monde-par-sa-beauté. Je scannerai peut-être les dessins, si j'ai le temps. Oui!

À Paris, on aussi visité un Musée très bien fait, celui du Quai Branly. Des collections d'objets de plusieurs cultures différents y sont présentées. Dans l'exposition permanente, les objets sont organisés par continent. Le Musée est encore neuf et c'est bien fait, mais à voir autant d'objets là, on se dit qu'il doit en rester bien peu ailleurs et que les peuples à qui ça appartient doivent se sentier bien dépossédés. Il ne s'agit pas de peuples éteints (ex. : les Romains), mais de peuples qui vivent toujours. Des Yupi'it, par exemple, y'en a encore, dans le nord...

Le 18, j'avais prévu visiter le Louvre, seule. Geneviève préférait faire autre chose. Déjà, à la station de métro Palais Royal et Musée du Louvre, y'a du monde, mais quand on va vers les guichets, c'est pire encore. J'ai vu de loooooooongues files un peu partout, aux différents poins d'entrée. « Tant pis », que je me suis dit. J'ai un peu dessiné dehors en mangeant ma demie baguette et mon chèvre, avant d'aller marcher dans le Jardin des Tuileries, juste à côté du Louvre. Dans le Jardin des Tuileries, y'a le Musée de l'Orangerie, et dans le Musée de l'Orangerie, y'a les Nymphéas de Monet... Et en-dessous des Nymphéas, à l'étage en-dessous, il y a plein d'autres tableaux... du Gauguin, Matisse, Picasso, du Douanier Rousseau, beaucoup de Derain et d'autres. Le plus merveilleux, c'est qu'il n'y a même pas de file pour rentrer et que personne ne se pile sur les pieds, une fois à l'intérieur.

Le même soir, Camille, Cindy, Geneviève et moi avons pris le métro pour les Champs Élysées. On a cru, pendant quelques minutes, qu'on ne sortirait jamais des labyrinthes de la station, mais, oui, on a fini par sortir ! Dehors, l'Arc de triomphe était beau. Les spots l'éclairaient et la nuit était encore d'un beau bleu, entre le marine et le cyan. Un beau jaune nuit sur un beau bleu nuit, c'est beau. En descendant les Champs Élysées (et non pas sur la colline), j'ai sifflé la chanson du même nom. (Avez-vous vu le jeu de mots ? Oh que je me trouve drôle, à 7h15 ce matin...) Paris la nuit, c'est tranquille. On a vu l'ombre d'une statue de Charles de Gaulle marcher sur la façade d'un bâtiment célèbre et important, je ne sais plus lequel - Le grand Palais. Paris la nuit, c'est une autre perspective. La tour Eiffel est moins laide une fois illuminée ;)


Aimée

mardi 17 août 2010

Aïcha et Fatima au pays des Berbères (suite)

Un peu en retard, voici nos dernières photos et histoires du Maroc.

Dans la vallée des Aït-Bougmez, nous avions rencontré deux Français qui habitaient au Maroc et qui y faisaient de la randonnée. Il nous restait 2 journées à remplir à la fin du voyage et nous ne savions pas exactement quoi en faire. Nous leur avons donc demandé conseil et ils nous ont suggéré un gîte en montagne dans la vallée de l'Ourika. Cette vallée est située à moins d'une heure de voiture de Marrakech. Nous avons donc contacté Rachid, le propriétaire et nous y sommes rendues en grand taxi.

Arrivées à Oulmès, un village de la vallée, nous avons rapelé Rachid pour qu'il vienne nous rejoindre. En effet, son village est situé dans la montagne et nous ne pouvions nous y rendre seules. Il nous dit "Je viens. Ca prendra entre 1h30 et 2h." Nous nous installons donc dans un petit casse-croûte et nous prenons une boisson gazeuse chacune. Il y a du trafic dans ce petit village! C'est que la vallée de l'Ourika est près de Marrakech et il y fait beaucoup moins chaud. Les gens y viennent prendre le frais et se baigner en famille. En regardant passer lentement les files de voiture, nous attendons. 1h, 1h30. Ah! Un homme avec une mule! Est-ce lui? On ne dirait pas... 2h, 2h30... C'est long! Aimée va rappeler. "Ah! Je viens. Attendez-moi là sans bouger." Ils ont un peu de mal à se comprendre au téléphone, car Aimée doit insérer une pièce chaque 15 secondes. Cling! Cling! Elle perd 3 mots chaque fois! On se fait regarder croche par le patron du casse-croûte, alors on va s'asseoir au bord de la route. 3h, 3h30. Aimée est découragée. Elle se demande si on s'est fait avoir. Doit-on chercher un hôtel? Ceux du coin ont l'air miteux! Retourner à Marrakech? Non! Devant son désespoir, je propose de rappeler. "Je suis vraiment désolé du retard. Je suis là dans 5 minutes. Je m'excuse, c'est parce que ..." Le téléphone coupe avant que je rajoute ma pièce. Tant pis, j'ai compris l'essentiel. 10 minutes plus tard, il arrive enfin!

Avant d'entamer la marche ver le village, Rachid achète un sandwich et un Coca-Cola qu'il partage avec nous au bord de la rivière. Il nous parle un peu de lui. Rachid est un jeune homme de 35 ans qui adore son village. Sa famille y habite depuis 12 générations! Il s'y est marié et a maintenant 3 enfants. Il est allé à l'école seulement 4 ans car, à cette époque, il fallait marcher très longtemps pour s'y rendre. Le reste, français inclus, il l'a appris par lui-même. Il est très taquin et aime particulièrement agacer Aimée! Il n'est pas guide de montagne officiel, mais il nous prouve son sérieux en nous demandant quelle eau nous buvons et en nous disant qu'il nous en ferait bouillir chez lui.

On charge la mule avec nos sacs à dos, puis on commence l'ascension vers son village appelé Tizi n'Oucheg. Ca nous prendra 1h30, mais les gens du village, eux, le font en 40 minutes. La lumière du soleil qui descend révèle un paysage magnifique, entre le rouge de la terre, le vert de la végétation et le bleu du ciel. Wow!


Sur cette photo, on voit une partie du village. Tizi en berbère signifie "col".








Aimée, qui a peu dormi et peu mangé, traîne les pieds. Elle manque cruellement d'énergie, mais arrive heureusement jusqu'au village où elle se repose pendant que je vais profiter du soleil couchant pour aller prendre mes photos!



Le batiment qu'on voit est la nouvelle école. En bas, on voit des champs cultivés.

Il faisait bon se balader dans ce village où bien peu de touristes mettent les pieds! C'était beau, serein. On entendait rire, chanter dans les champs. C'était un village vraiment vivant et accueillant! Tellement accueillant qu'on a décidé d'y passer une journée entière le lendemain pour qu'Aimée puisse se reposer.

Le soir, on a fait la connaissance de la femme de Rachid, Saadiya. On a aussi rencontré ses trois enfants: Fatimsaha 10 ans, Hemza 3 ans et Mariam 1an et demi. C'était une famille vraiment charmante!

Le lendemain matin, on a fait du lavage. Fatimsaha est venue nous montrer la rivière où les femmes lavent le linge et on s'y est installées. En riant de nous, des femmes nous ont montré comment faire comme elles. C'était rafraîchissant et un bon moyen d'entrer en contact avec ces femmes qui ne parlaient que le berbère! Plus tard, quand nous sommes allées nous balader, il y avait toujours quelqu'un pour faire un bout de chemin avec nous. Une fille de notre âge nous a aussi invitées à prendre le thé. A travers nos quelques mots berbères, leurs quelques mots français et les gestes, nous arrivions à une communication très basique avec de nombreux malentendus!

Le lendemain, nous sommes parties en excursion pour 2 jours avec Rachid et Hussein, un muletier. Nous avons gravi le plateau du Yagour, 900m de dénivelé. Avec la mule qui porte les sacs, c'est quand même beaucoup plus facile! La montée a été longue, mais nous l'avons prise à notre rythme et ça s'est très bien passé. Au sommet, nous avons traversé un endroit qui sentait fort l'encens. Je ne sais pas quelle était cette plante, mais la sensation d'être dans une église en pleine nature était spéciale! Arrivés au campement, Hussein nous a préparé un tajine pendant que nous montions les tentes. Nous nous sentions un peu mal à l'aise avec le luxe d'une tente cuisine, du muletier-cuisiner et du guide pour nous toutes seules, mais c'était quand même très agréable!

Après le repas, un orage est arrivé. Nous sommes allées nous réfugier sous des rochers de la falaise. Aimée s'est même endormie en écoutant la pluie...

Après l'orage, nous sommes allés explorer ce plateau. Les gens de Tizi n'Oucheg et de plusieurs autres villages y font paître leurs moutons et leurs chèvres durant l'été. On y trouve aussi des gravures rupestres du néolithique. Ce qui est particulier, c'est que les gravures anciennes en côtoient d'autres qui semblent beaucoup plus récentes... On pourrait en faire une nous aussi! Voici quelques photos.



Des cultures en étage en contrebas. Le lendemain, nous sommes redescendus entre ces champs.


Les fameuses gravures.

En passant près d'une bergerie (enclos fermé où ils mènent les bêtes la nuit), nous avons entendu Bêêê bêêê sans voir de chèvre. Rachid nous a dit que c'était des bébés trop jeunes pour sortir qui étaient cachés et qui attendaient leur maman. Nous avons demandé si nous pouvions aller les voir. Le berger est descendu dans l'enclos, est revenu avec les deux chevreaux et nous les a mis dans les bras. Il fallait voir le visage d'Aimée à ce moment!!! Elle semblait dire "Mais, mais qu'est-ce que je dois faire avec ça moi?"



Notre tente et la tente-cuisine sur le plateau. On voit aussi les chèvres qui rentrent à la bergerie pour la nuit.

Ce soir-là, nous sommes partis avec nos sacs de couchage jusqu'au bout de la falaise où nous nous sommes installés. Le halo de Marrakech et les lumières de la vallée étincelaient. La nuit révélait aussi tous les petits villages dans la montagnes dont les timides lueurs pouvaient être confondues avec les étoiles du ciel. Moment magique.

Le lendemain, nous sommes redescendus par un autre chemin. Nous sommes passés par une zone cultivée. Nous avons goûté au fruit du noyer, ce que nous appelons la noix de Grenoble. Mais elle était toute fraîche, cueillie dans l'arbre! Le goût et la texture sont très différents! Nous avons dîné au village (tajine de chèvre, Aimée n'a pas vraiment apprécié...), puis nous sommes reparties vers la vallée.



Rachid est venu avec nous jusqu'à Marrakech, car nous n'avions pas assez d'argent pour le payer (c'était prévu d'avance). En chemin, il nous a raconté comment sa femme a accouché de leur première fille. Pour le premier enfant, les femmes de son village vont au centre de santé dans la vallée. Mais comment descendent-elles dans la vallée? A dos de mule? Mais non, nous dit Rachid, c'est beaucoup trop long et ça brasse trop? Mais alors comment? Il tapote ses épaules. Quoi, pas sur ton dos? "Eh bien on prend deux poteaux de métal qu'on fait tenir ensemble avec de la corde, on les met sur nos épaules et on met la femme dessus. Après, on part à 10 hommes et on se relaie rapidement pour ne pas se fatiguer. Et on descend en ligne droite sans se préoccuper des zigzag du sentier. En 15 minutes, on est en bas!" Oulala! On comprend pourquoi les enfants suivants naissent à la maison!

Ce soir-là, on a invité Rachid à manger une crème glacée dans la chaleur accablante de Marrakech. On a été un peu tristes de le laisser partir. Puis, on a essayé de dormir. Le lendemain, on est parties tôt à l'aéroport pour profiter de l'air climatisé. C'est ainsi que s'est terminé notre séjour au Maroc après 28 jours.

Geneviève

lundi 9 août 2010

Retour en France un peu chaotique

Nous voilà revenues en France depuis déjà un moment, mais nous n'avions pas encore eu le temps de raconter notre retour. Attachez votre tuque, ça n'a pas été facile!

Après une nuit passée à Marrakech à 45 degrés et plus, nous avions quand même hâte de quitter cette ville. Quitter le Maroc nous faisait quand même un pincement au coeur. Mine de rien, on y a fait tout un bout de chemin et on en a appris des choses! Mais le billet d'avion était acheté et, de toute façon, il faut bien repartir un jour. Nous sommes donc parties vers l'aéroport d'où nous avons pris l'avion pour un vol sans histoire. C'est à l'arrivée en France (à Lyon) que ça s'est corsé...

Nous avions vérifié sur le site de l'aéroport et il devait y avoir une navette d'autobus toutes les 20 minutes. Ce qui n'était pas écrit, c'est que cette navette se termine à 23:45. Le temps de récupérer les bagages, il était 12:15... Plus de bus... Hmmm, on fait quoi? On a réservé et versé un acompte dans un hôtel en plus... Pas le choix, on va prendre un taxi... Ce taxi nous coûtera la modeste somme de 68 euros. Au Maroc, on aurait vécu au moins trois jours là-dessus!!! Bobo au porte-feuille!

Le taxi nous dépose devant notre hôtel. Quelques jours plus tôt, on a fait la réservation dans un café Internet mal éclairé. Nous avons inscrit notre arrivée pour le 5 août à 1:00 du matin et c'est pile l'heure à laquelle on arrive. Sauf que la porte est barrée et qu'il n'y a personne. C'est fermé! Ah! il y a un distributeur de clés à côté de la porte. Oups... il inscrit <>. On fait quoi? On est là au beau milieu de la nuit, sans connaître la ville et sans autres adresses... Je me rappelle la promesse faite à Annik de ne pas dormir sur un banc de parc. Sur un parvis d'hôtel, ça compte? Le problème le plus urgent pour Aimée est de trouver une toilette. Elle aborde donc un homme qui arrive en voiture, souhaitant se faire indiquer un resto 24h ou une boîte de nuit. L'homme ne connaît pas le coin, mais dort au même hôtel que nous et a les clés de la porte. Il nous laisse entrer et... on installe tout notre barda dans la salle à manger! On s'installe pour dormir sur nos tapis de sol, par terre, à côté des muffins... Heureusement, il y a aussi une toilette accessible à côté. La belle vie!

Je me réveille au milieu de la nuit avec de gros frissons. Incapable de me rendormir. Un peu plus tard, j'ai un peu mal au coeur. Je vais marcher en rond dehors, sous la bruine pour prendre l'air. Trente minutes, une heure. Je me transforme en somnambule. Je tombe finalement endormie par terre sur le parvis de l'hôtel avec mes souliers pour bloquer la porte d'entrée!

Le lendemain matin, je vais un peu mieux, mais il n'est pas question que je mange! J'ai à peine dormi deux heures. Aimée n'a presque pas dormi elle non plus. Une première femme arrive et nous demande ce qu'on fait là. Il faut attendre la troisième femme, une heure plus tard pour qu'on nous donne une chambre. L'erreur est partagée, car il était écrit en petits caractères sur le site que l'hôtel fermait à 22:00. Quand même, leurs commentaires comme , et ne sont pas très constructifs!

On a à peine le temps de prendre une douche, puis on part rejoindre Tancrède. Je suis fiévreuse (38,2 au thermomètre) et épuisée. On passe près de deux heures très agréables à discuter avec lui, puis je vais faire une sieste pendant que lui et Aimée vont dîner. Dormir me fait du bien et quand je me réveille, plusieurs heures plus tard, je peux envisager me nourrir un peu. Aimée me fait chauffer de la soupe. Ca y est, la fièvre tombe et je guéris. Je suis réparée, ouf!

On peut poursuivre...

Geneviève

vendredi 30 juillet 2010

Aïcha et et Fatima au pays des Berbères

On est maintenant à Nantes et maintenant qu'on a accès à Internet (nos derniers accès à internet pourraient être qualifiées soit de "chaotiques", soit de "limités" !), on essaie de mettre le blogue à jour ! Voici donc le récit de nos escapades chez les Berbères...

Le matin, on avait quitté Le Panard (dont Geneviève vous a déjà parlé), traversé la rivière avec nos monstres de sacs en marchant sur les roches et le petit pont que vous avez vus en photo, sué abondamment sur les marches d'un escalier nous menant 110 mètres plus haut, pour finir par quitter Ouzoud afin de rejoindre Azilal, d'où on allait prendre un taxi vers la vallé des Ait Boughemez. C'est dans les montagnes, plus précisément le Haut Atlas, chez les Berbères.


Ça, c'est le grand taxi qu'on a pris entre Azilal et Tasselant, dans la vallée. Voyez nos sacs sur le toit. Ils étaient accrochés avec de la ficelle. Ça a tenu, ambdoulillah (grâce à Dieu !) ! Je vous rappelle qu'un taxi comme celui-là prend normalement 7 personnes, chauffeur inclus. Oui, vous avez bien lu, 7. Les ceintures de sécurité, n'y pensez même pas, c'est de la science-fiction.

Imaginez de hautes montagnes arides aux flans rocailleux et escarpés, avec très peu d'arbres dessus. Rajoutez des bergers avec leurs troupeaux de chèvres et de moutons et de petits groupes de femmes faisant la lessive. Dessinez une route étroite sur laquelle le grand taxi, contenant 4 Marocains, une Marocaine et 2 Québécoises, s'arrêtait pour .changer les politesses d'usage lors de la rencontre d'autres véhicules...

- Assalam aleykoum ! (paix sur toi)
- Wa aleykoum assalam. (et sur toi aussi)
- Lebes ? (ça va ?)
- Bejer. (bien)
- Ambdoulillah ! (grâce à Dieu !)
- ... (...)

Le gîte qu' on a choisi était entouré d'un petit bout de jardin c ontenant de beaux arbres fruitiers. On était dans le village de Tasselnant, dans la vallée. À notre grande surprise, le fond de la vallée était très vert... En effet, un système d'irrigation efficace y rend possible la culture d'une variété de fruits, légumes et céréales. Dans la vallée, on croise souvent des troupeaux. On aperçoit aussi, souvent, de petites maisonnettes blanches. Ce sont des ruches. La production de miel dans la vallée est importante... et quel miel ! Demandez à Geneviève de vous parler du mélange de miel et de noix de Grenoble (aussi produites dans la vallée) auquel on a goûté dans une coopérative de femmes, je suis sûre qu'un filet de bave va lui couler de la bouche...

Moi, à Tasselnant, juste avant l'orage.

Village dans la vallée.

Bêêêêêêêê !

Pour explorer la vallée, on a décidé de marcher de notre petit village vers Tabant, LA "ville" de la vallée (le dépôt de médicaments est là, l'école des guides de montagne aussi). Sur le chemin, les montagnes, les collines, les cultures et les petits villages dont certains comptent qu'une dizaine de maisons se succèdent agréablement. La route est vivante. La première journée, on y a croisé beaucoup de monde. La deuxième, beaucoup moins, et on ne sait toujours pas pourquoi.

La première journée où on a chaussé nos bottines, on a croisé une femme un peu trop chargée avec ses bassines à lessive après avoir coupé dans un champ. Je lui ai proposé un coup de main, qu'elle a accepté d'emblée. Une trentaine de mètres plus loin (pas long, le coup de main !), elle nous invitait à prendre le thé. Un peu plus tard, en le buvant, elle nous invitait à revenir le lendemain midi pour un tajine ! Saadiya, trouvant nos noms un peu compliqués, nous a donné des noms berbères : Geneviève est devenue Aicha, et moi Fatima ! Notons que Saadiya parlait étonnament bien français. Il est rare que les femmes le parlent, surtout dans les villages. On a quand même appris quelques mots de berbère, qu'on a pu réutiliser par la suite. En mangeant le tajine, elle nous a clairement indiqué que, -inch Allah - quand on reviendra, il faudra venir "à la maison", exit le gîte ! Accuel magnifique et chaleureux... On s'est senties adoptées !

La vallée.

Encore la vallée, vue du haut d'une colline où on s'est offert une grimpette dans les rochers.

Encore, encore la vallée.

Les menus du gîte étaient particulièrement copieux. Il y avait, sans exagérer, pour 6 personnes dans ce qui nous était servi pour 2 ! La soupe du premier soir était mémorable. Splendide harira berbère...














Geneviève attendant le minibus, au petit matin.

En repartant de la vallée, ça faisait déjà un bon 3 semaines qu'on voyageait au Maroc et on n'avait encore jamais vu, entendu ou senti qui que ce soit souffrant du mal des transports. Figurez-vous que, dans la même journée, on en a rencontré à peu près 4 ! Ouf. Tasselnant à Azilal, c'est long, mais avec du monde malade, c'est pire que long. Et quand t'es dans le minibus et que tu réalises que t'es entouré de gens malades, tu ne peux pas débarquer,
parce que t'es en plein milieu de nulle part... Merci au gars qui m'a échangé sa place, je sais pas comment j'aurais
toughé le trajet autrement. Je me suis quand même bouché les oreilles en me chantant des chansons dans ma tête. Avec une Gravol pour prévenir, ça va mieux aussi. Geneviève, elle, s'est défoncé les tympas avec le iPod, pour être sûre de ne rien entendre. Je pense qu'elle n'a même pas réalisé qu'il n'y avait pas une, mais trois personnes malades dans le minibus. Ne lui dites pas, ok ? Ironie du sort, dans le grand taxi qui nous a amenées d'Azilal à Marrakech, juste après le trajet de minibus, le petit gars de 10 ans qui était assis à côté de moi a aussi été malade. Rendu là, je trouvais juste ça drôle tellement c'était ridicule. Par contre, Geneviève, elle, elle a un peu badtrippé. Ça lui a pris la journée pour se remettre du transport. Je lui ai d'ailleurs interdit la lecture de ce paragraphe.

Cela dit, les Ait Boughemez sont fort sympathiques ! Une journée, j'ai pris le thé 5 fois... Ça en dit long sur l'attitude des gens !

Un gars attend pour l'ordinateur de l'AJ. La prochaine fois, je vous raconte la vallée de l'Ourika et le retourd en Occident !

Fatima

Ouzoud

On quitte Marrakech où on a passé une nuit pour partir à Ouzoud. Pour ça, on doit prendre un autobus d'une petite compagnie jusqu'à Azilal, puis un grand taxi jusqu'à Ouzoud. ça s'annonce long et chaud! Pour être certaines de bien se rendre, on se lève donc tôt et on se rend à la gare. On y est à 8:00 et il y a un autobus à8:30, mais il est plein! On devra attendre jusqu'à 12:30 mais, pour une raison obscure, on nous dit qu'on doit se présenter une heure plus tôt. On se trouve donc des choses à faire pour passer le temps. A 11:20, on est là. Quai 18, nous dit-on. Quai 18, nous allons donc. Là, il y a un autobus, mais de façon confuse, on apprend que c'est celui de 3:00 et qu'il faut attendre. Un homme étrange nous dit qu'il nous le dira au moment voulu, que c'est son travail... Faute de mieux, on attend... 15 minutes plus tard, notre bonhomme nous entraîne à l'autre bout de la gare routière. Là-bas, on nous demande 20 dirhams chacune pour les bagages. Quoi?!?!? Normalement, dans les compagnies dites , on paie 5 pour les deux!! Pas moyen de négocier. Qu'est-ce qu'on peut y faire? Refuser et rester au bord du chemin. On paie en sentant qu'on abuse vraiment de nous. Et en entrant dans le bus, qu'est-ce que je vois? Le gars des bagages qui donne 20 dirhams à notre !! On entre dans le bus. Il est plein!! Aimée se trouve une place dans le dernier banc en arrière au fond, mais rien pour moi. Je dois m'asseoir dans l'allée. C'est un comble, ça fait plus de 3h qu'on attendait!! Heureusement, on a un bon samaritain qui se présente. On lui raconte l'histoire des 20 dirhams et il décide de nous en récupérer la moitié. On apprend en même temps qu'on a aussi payé nos billets trop cher. Pas si surprenant, les prix ne sont affichés nulle part et sont donc faits <à la tête (ou la nationalité) du client>... Notre bon samaritain (qu'Aimée a baptisé Bonhomme, comme elle ne pouvait pas prononce son nom) a réussi à nous redonner 20 dirhams, mais ça a donné lieu à un échange verbal musclé qu'il nous a traduit par la suite. En gros, l'autre homme lui disait qu'il faut essayer de soutirer le plus d'argent possible aux touristes pendant qu'ils sont là, qu'il ne faut pas s'intéresser à eux, car s'ils venaient chez nous, on ne ferait que les ignorer... Il a aussi accusé Bonhomme de travailler dans son intérêt. Joyeux!


Même si le trajet avait très mal commencé, j'ai apprécié la suite. Pendant qu'Aimée jasait avec Bonhomme, j'ai discuté avec mon voisin et ça a fait passer le trajet très vite. C'était un jeune étudint en littérature anglaise du début de la vingtaine. On a parlé de sa vision du couple, de la condition des femmes, de l'histoire du Maroc. C'était vraiment intéressant d'entendre son point de vue et il acceptait d'entendre le mien. Nous n'étions pas d'accord, bien sûr, mais ce n'était pas le but!


Un peu plus tard, l'autobus s'est transformé en hammam roulant... Aimée n'a pas apprécié! Heureusement, grâce à mon voisin, nous avons pu descendre un peu plus tôt, à l'intersection de la route d'Ouzoud. De là, nous avons partagé un taxi.


Une fois arrivées, un des gars du taxi nous a proposé de nous aider à trouver où nous voulions aller. Nous avons refusé poliment et gentiment. Mais il nous a suivies! Il insistait pour qu'on prenne son chemin qui ne correspondait pas du tout à la description du Routard. Il est devenu agressif en singeant nos et a insulté Sarkozy, nous croyant Françaises. Nous somms parties en sns inverse, croyant l'avoir semé. Ce n'était pas non plus la bonne direction. Aimée est allée demander le chemin à un homme, mais notre tortionnaire s'est interposé et a encore tenté de nous entraîner! Il faisait affreusement cheud, on avait envie et Aimée était vraiment découragée... On se sentait prises au piège. Et puis, j'ai vu deux touristes au loin. Ce sont finalement eux qui nous ont montré le chemin. On a descendu ce lon escalier pour arriver en bas de la cascade...
La cascade d'Ouzoud est vraiment très belle, mais ce n'est pas
vraiment serein. Il y a énormément de touristes, surtout des Marocains qui viennent se baigner et fêter. Il y a des dizaines et des dizaines de campings et de petits restos. Mais nous voulions aller de l'autre côté, plus au calme. Il a donc fallu traverser la rivière. Comment? Voyez lers photos et imaginez-nous y passer avec nos deux sacs chacune et beaucoup plus de monde!











Cette dernière photo, c'est le chemin qu'on a emprunté, à bout de forces et de patience... Nous sommes finalement arrivées au camping Le Panard où Aimée s'est laissée choir sur un fauteuil et a fondu en larmes. On a passé l'après-midi juste à relaxer et à décanter. Le propriétaire était vraiment gentil et un peu papa, lui aussi. J'ai dit à Aimée qu'elle aurait réveillé n'importe quel coeur de père à ce moment...


Ce soir-là, on a très bien mangé à la lueur des chandelles (pas d'électricité). Moment magique. Puis, on a dormi sur la terrasse. On voyait quelques étoiles et la lune. Photo de notre terrasse.



Le lendemain latin, on est parties marcher le long de la rivière (en aval). Il y avait encore des petits restos et campings même si ça pasait seulement à pied.


Il faisait chaud, aussi en avons-nous profité pour nous arroser un peu! C'était agréable et beaucoup plus relax! Nous avons continué jusqu'à un endroit appelé la grotte des singes. Nous n'avons pas vu de singes, mais la grotte était impressionante.







Nous avons aussi vu ce que j'ai appelé des moutons laveurs!







En retraversant, il a fallu payer le passage d'un petit pont! Aimée a négocié d'acheter un Fanta refroidi à l'eau de la rivière! Voyez sur cette photo d'elle (il faut chercher un peu).











Plus tard, le soir, nous avons vu des singes. Nous en avions déjà vu à Azrou mais cette fois, c'était différent. Ils semblaient plus troublés, plus agressifs, moins en forme. Ils mangeaient du plastique aussi... Nous avons trouvé ça triste.




Le hammam

Essaouira, le premier soir. On vient de se taper une loooongue journée de transport. Le matin, on était parties très tôt de Casa pour prendre un bus. Beaucoup d'attente et très long trajet. Le dîner, pris dans le bus; avait consisté en un pain et une conserve de keftas (boulettes) de sardines, partagés à deux. J'avais besoin d'une bonne douche avant de me coucher. Je m'en vais donc la prendre. C'est occupé ( comprendre : LA douche de notre étage d'hôtel miteux est occupée). C'est long. Je pense que le gars qui est en train de se laver se savonne 3 fois partout tellement c'est long. Je retourne même à la chambre pour dire à Geneviève que c'est don' ben long... , me dit-elle. Je retourne faire le piquet devant la porte. Le gars finit par libérer la douche. Yeah! Je rentre, m'installe, ouvre l'eau... Hem... J'ouvre les robinets au max et je découvre que la douche, c'est un mini, super mince filet d'eau... Ok... On va oublier le shampooing pour ce soir. (C'est pour ca que cétait si long!) En revenant à la chambre:

Du Routard, on a choisi un adresse , suffisamment clean et fréquentée par du vrai monde. On s'y est rendues le lendemain, mi-excitées, mi-nerveuses. Le hammam, c'est le truc marocain très typique et mythique , mais qu'obn ne sait pas trop comment ca marche...

Arrivées là, une femme à qui il manque quelques dents (normal ici) nous accueille dans un francais à peine moins limité que mon arabe. On (pense qu'on) s'entend pour deux entrées, en plus d'un gommage au savon noir pour moi. Pas de massage, on est ici pour se laver et pour le trip de rentrer dans un hammam. On enlève nos vêtements. On avait nos maillots en-dessous, vu que le Routard conseillait d'y aller en maillot la pre,ière fois, histoire d'être plus à l'aise. La femme qui me fera le gommage ne garde que ses bobettes.Au hammam, il y a des heures d'ouverture séparées pour les femmes et les hommes. Lors de notre passage, la plupart des femmes sont en bobettes, certaines sont totalement nues. Entre le voile porté en public et le hammam, tout un monde de différences! Les femmes discutent autant qu'elles se lavent. Aujourd'hui, les maisons sont, en règle générale, équipées de sanitaires, mais les gens vont encore aux bains, signe qu'ils ne servent pas qu'à se laver.

Dans le hammam, il fait chaud. Les plafonds sont relativement bas et l'air est chargé d'humidité. On suit la femme, qui nous amène dans une des deux ou trois salles. Elle nous fait asseoir, remplit quelques seaux d'eau bien chaude - bonheur! - et revient nous asperger abondamment. On se sent newbies, on se laisse faire. Elle prend ensuite le savon noir (sorte de pâte noire) parfumé à la fleur d'oranger et me gomme l'ensemble du corps avec, à la main. C'est rapide. Elle entreprend ensuite de gommer Geneviève, qui avait pourtant dit qu'elle voulait juste se laver. Tant pis, ou tant mieux, elle sera gommée elle aussi! La femme nous laisse sécher là quelques minutes, remplit des seaux d'eau pendant ce temps-là et en profite pour nettoyer le plancher. Elle revient et entreprend de me dégommer au gant de cuir. Ayoye! Ca fait mal! , se moque Geneviève. La femme rit de moi. Moi aussi je ris. J'ai l'impression qu'elle me passe du papier sablé sur le corps... Ca décape! En fait, c'est ca le but du gommage: enlever les peaux mortes et nettoyer l'épiderme en profondeur. Le sul endroit ou le gant de cuir fait du bien, c'est dans le dos... Ah... Ca, c'est le fun... Geneviève y passe aussi et trouve que je suis vraiment p'tite nature parce que . On se fait bien asperger après le gommage pour enlever les rouleaux de savon et de peaux mortes. Il ne nous reste plus au'à nous laver les cheveux avec les chaudières d'eau mises à notre disposition. L'eau coule partout et c'est pas grave; murs et planchers sont carrelés et faits pour ca.

On a , à ma demande, l'autre salle d'eau du hammam, celle ou se trouvent les réservoirs d'eau chaude et froide. Pendant qu'on se rhabille, deux enfants nous espionnent dans un cadre de porte. Je trouve ca drôle. Je me dis qu'ils ne doivent pas souvent voir des fesss aussi blanches...

Le hammam, gommage compris, nous a coûté 60 dirhams chacune (un peu plus de 6 dollars). Là-dessus, le gommage en coûtait 50. Si jamais vous allez au Maroc, y'a pas d'excus pour manquer ca: y'en a partout et ca coute presque rien, surtout si vous voulez seulement vous laver. Assurez-vous quand même d'en choisir un qui soit bien entretenu.

Le bien_être en sortant, pouvez-vous imaginer? J'avais l'impression que ma peau respirait, je me sentais tellement légère... C'est encore mieux que sortir dehors après 80 longueurs de piscine. Et on ne pue même pas le chlore!

Aimée
(gracieusement tapé par Geneviève)

vendredi 23 juillet 2010

Essaouira en photos

Voici quelques photos d'Essaouira où on a passé deux jours. C'est une ville marocaine sur la côte atlantique. C'est très touristique, mais ça nous a permis de relaxer, de remplir nos sacs de souvenirs et de manger de la nourriture excellente!





En arrivant, pemière différence avec le reste du Maroc: il fait frais et même froid! Voici une photo d'Aimée prise sur la terrasse de notre hôtel. Et pour faire exprès, dans le bus vers Essaouira, j'ai oublié mon coupe-vent! Bah, c'est le premier oubli du voyagem c'est pas si pire...







Un gentil marchand de tapis (il y en a tellement ici, des marchands et des tapis!!!) nous a fait essayer un foulard touareg comme portent les hommes du désert.




Le coucher de soleil à partir de notre terrasse. Il a fallu que j'insiste beaucoup pour qu'Aimée, congelée, reste jusqu'à ce moment magique!



Petite ballade dans le port.



J'avais enfin les cheveux propres grâce à notre visite au hammam. Ça, je crois que je vais laisser Aimée vous le décrire...



Aimée qui s'amuse à imiter les goélands...





Un bateau qui rentre au port. Il est bien escorté!






Aujourd'hui, on est allées se promener le long de la plage étonnament très propre. Les dromadaires y côtoient les véliplanchistes dans un mélange assez surprenant! On s'est fait proposer au moins 8 fois un tour de dromadaire!




Demain, on quitte Essaouia pour Marrakech (une nuit), puis on part dans les montagnes. Il est possible qu'on n'ait pas accès à Internet là-bas pour environ une semaine. Ne soyez donc pas inquiets si vous restez quelques temps sans nouvelles.
À bientôt,
Geneviève

mercredi 21 juillet 2010

Geneviève contre des chameaux

Hier après-midi, on était à Casablanca. On magasinait dans le quartier des Habous. On ne fait pas ça souvent, magasiner. Bref, on marchait entre les étalages de cossins et de gugusses, les théières (j'en ai maintenant une belle avec laquelle je servirai du thé à la menthe en revenant, maintenant que je sais comment le faire !), les plateaux, les sucriers, les "boîtes magiques", les lampes, les tapis berbères, les tapis de Ouarzazate et tous les autres, la céramique de Fes, la céramique de Safi et la céramique de Marakech, les babouches, les luths qui sonnent aussi faux qu'ils sont décoratifs, les bijoux, les vêtements, etc. Geneviève s'était décidée pour un beau coussin berbère bleu. C'est elle qui marchande. Elle est meilleure que moi. Le vendeur a essayé de lui en passer une vite, mais, pour une fois, on était au courant des prix. "Oulala ! Elle est dure en affaires !", trouve le bonhomme de 40-50 ans. Ça sent le compliment, croyez-le ou pas. À la fin de la transaction, le bonhomme me demande : "Combien de chameaux pour elle ?" "Non !! Y'en est pas question !!" Ça, c'est ma première réaction. La deuxième, reprenant mes esprits, c'est : "Woah... Ça marche pas, ça !! C'est pas un objet ! Elle a sa volonté propre, c'est pas avec moi qu'il faut dealer ça, c'est avec elle... " Oulalalala... Geneviève pogne, c'est le moins qu'on puisse dire...

Casa, c'est une grosse ville. On y trouve nettement moins de femmes voilées qu'ailleurs dans le pays. Il y a des chats partout. J'ai ai même vu un, mort, sur un trottoir, j'en ai été revirée pour une demie-journée... "P'tit coeur sensible", comme dit Geneviève. Dans une partie de la ville où sont concentrés les magasins de tissus, on se sentait un peu comme sur le bouleverd Saint-Laurent, entre Crémazie et Sauvé. Y'a des riches, y'a des pauvres, et le contrastes entre les deux est plus que saisissant. Le précédent roi du Maroc, Hassan II, a ordonné la construction de la mosquée qui porte son nom en 1987. La construction en a été achevée en 1993. La mosquée, dépendamment des critères qu'on utilise, est le 2e ou la 3e plus grosse du monde, la plus grande étant celle de la Mecque et l'autre, celle de Médine, toutes deux en Arabie Saoudite. Hassan II est une des rarissimes mosquées marocaines qui se visitent . Des visites guidées sont organisées 3 fois par jour, en plusieurs langues européennes différentes. Avec des Néerlandais, des Allemands, des Danois, des Américains et des Polonais, on a donc été instruites sur la quantité de marbre, de bois de cèdre, de titane et de verre vénitien requis pour la construction du bâtiment. On a visité quelques sections différentes. La mosquée est bâtie en partie sur l'océan Atlantique, en référence à quelque chose qui est écrit dans le Coran et que j'ai malheureusement oublié de noter. 200 personnes travaillent quotidiennement a nettoyer la place. Inutile de dire que c'est vraiment clean. L'ensemble nous a donné l'impression d'une mosquée pour touristes. Puisque c'est une des rares qu'on peut visiter, je suppose que c'est effectivement un mosquée pour touristes.

Quand on ressort de la mosquée, le contraste de tout son faste avec le bidonville d'à côté fait vraiment malaise. De la rampe qui s'allonge de la mosquée vers la mer, des garçons font des plongeons téméraires dans des bassins d'eau salée. Casablanca, c'est aussi des extrêmes qui cohabitent.

Moment fort agréable de notre passage à Casablanca : rejoindre Caroline à la gare et aller ensuite à la Bodega, resto-bar espagnol où on se sent, l'Espagne de quelques heures, totalement ailleurs. Joli lapsus : je voulais plutôt écrire : "l'espace de quelques heures"...

Sur ce, on s'en va profiter d'Essaouira ! Dans une partie de la ville, pas de voitures... yeah ! Vous imaginez pas à quel point ça fait du bien après Casa et la fumée bleue qui sort des pots d'échappement des scooters, motos, mobylettes et voitures antiques. Notre hôtel est miteux, une fois de plus, mais diablement pas cher et pourvu d'une terrasse superbe, donnant sur l'océan. Faut savoir faire des choix ;)

À la prochaine !

Aimée

lundi 19 juillet 2010

Mon Maroc

Pour faire suite aux nombreuses fois ou on fait référence a la chanson:
http://www.jeanfrancoislessard.com/?page_id=15

Vous pouvez écouter la chanson là -c est la 10e sur Utopia- et en profiter pour découvrir l artiste.

A&G

vendredi 16 juillet 2010

Du saumon et du homard, ou l'allégorie du repas

J'ai écrit le texte il y a 2 ou 3 jours à Meknès.

Apéro : fanta orange
De la fenêtre de la chambre, qui donne sur une espèce de colonne d'aération, monte une odeur incongrue de sandwich aux oeufs. Geneviève, couchée sur le lit d'à côté, essaie de rattrapper un peu de sommeil égaré entre deux quintes de toux d'un Marocain de l'étage en-dessous. Ses pieds, qui dépassent du lit, sont sales, malgré la douche d'hier soir. Ici, on a toujours pieds sales. Avec la chaleur, on préfères les gougounes aux bottes de marche...

Hors d'oeuvre : olives
Du homard et du saumon. Un pavé de saumon, j'y plante ma fourchette et je la porte à ma bouche. Processus simple et facile. Tout de suite, la chair se défait sous ma langue et mes papilles reconnaissent le goût. Bonheur facile. Du homard, c'est plus compliqué. Il faut décortiquer chaque petite patte, extirper la chair de chaque pince. Manger du homard, c'est un long repas. Si t'es pressé, t'es mieux d'aller te chercher un trio Big Mac... Les pinces font un peu peur aussi. Par contre, le goût de la chair, une fois extirpée de sa solide carapace, vous en conviendrez, est particulièrement délicat et agréable.

Entrée : aubergines à l'ail
Le Maroc aussi, il faut prendre son temps pour le rencontrer, pour aller outre sa coquille rebutante. Les faux-guides, j'en ai plein mon casque et c'est pas cool de glisser sur des déchets de poisson dans le souk. C'est long, sortir la chair des pattes, surtout qu'on travaille fort pour ce qui n'est parfois qu'un tout petit morceau de viande. Il y a quelques jours, j'ai eu envie de virer de bord : les Marocains "trop insistants", les Marocaines, absentes, et moi, un peu perdue là-dedans. J'ai cependant trouvé, à Chefchaouen, une trace de ce que peut-être mon passage ici. Les sourires échangés avec la femme de ménage de l'hôtel (je doute quMelle ait compris ce que je lui ai dit en français, mais je pense qu'on s'est très bien comprises quand même), la gentillesses des gens de la médina, passée la zone touristique... le petit resto d'à côté de l'hôtel, où on était devenues des habituées, la vue des femmes lavant le linge dans la rivière (même si elles ont toutes des machines à laver, maintenant - le lavage de linge comme activité sociale féminine, pense l'étudiante en sciences humaines...), le temps passé à jaser avec Mohammed, en regardant, du coin de l'oeil pour ma part, la finale de la coupe du monde...

Plat principal : couscous aux légumes
Quand on rencontre d'autres touristes, on entend souvent : "il faut vraiment aller voir ça, c'est vraiment beau !" Voir, voir, voir, beau, beau, beau... Bobo à mes yeux quand il est question des beautés touristiques si souvent citées ! Objectivement, l'Alhambra, la Mezquita et le mausoloée de Moulay Ismaïl ont très beaux. J'ai cependant l'impression qu'un bon livre sur chacun aurait presque aussi bien fait la job que de les visiter. Presque, parce que visiter permet quand même de mettre les choses à l'échelle et de saisir que les tuiles du mausolée, de loin, ont l'air noires, mais qu'elles sont bleu dense quand on les regarde à 90 degrés. Mais ça, même ça, ça ne me fera pas traverser le miroir...

De Mohammed, mon cadet d'un an, j'ai su qu'il se prépare à devenir guide de montagne. Le dénominateur commun, sur le plan linguistique, s'est avéré être l'espagnol. On a donc jasé en castillan. Mohammed habite dans les montagnes, à une heure de vélo de Chefchaouen. La terre qui s'est transmise de génération en génération appartient maintenant à son père, qui a jusqu'à maintenant refusé toutes les offres d'achat. Avant d'être à son père, la terre était à son grand-père, et avant, à son arrière-arrière-grand-père... Le père de Mohammed ne veut pas vendre, vous comprendrez. Mohammed a 6 frères et soeurs. Son frère le plus vieux, qui a 24 ans, est marié depuis 4 ans ("habia una chica...", me racontait Mohammed). Il a maintenant 2 enfants avec sa femme : une fille d'un an et demi et un garçon d'un mois et demi. Le frère en question est électricien. La grand-mère maternelle, elle, a 30 chèvres dont elle s'occupe toujours dans la montagne, du haut de ses fringants 90 ans ! Abuelita !? Chapeau, madame !

Mohammed ne fume pas, parce que grimper des montagnes et fumer, ça ne va pas ensemble. Il se préparait à aller régler des questions de paperasse pour retourner voyager 3 mois en Espagne. Il part seul, c'est comme ça qu'il aime voyager.

Dessert : biscuits marocains
Le moment passé à jaser avec Mohammed, comme les autres perles dont j'ai fait mention plus tôt, c'est précieux. Quand on marche en ville, les gens s'imaginent parfois qu'on est des machines à cash, comme l'a si justement exprimé Chris, un gars de Vancouver rencontré à Chefchaouen. Les moments où on peut rencontrer d'autres humains, sans que l'échange ne porte la marque du dirham, de l'euro ou du dollar, c'est du bonheur en pattes, un petit bout de homard sous la carapace mercantile ! Ces moments, il ne faudrait quand même pas les définir uniquement par la négative, par l'absence de quelque chose. D'autres moments marocains ont été exempts de ce mercantilisme, mais ce n'était pas pareil. Ce qui compte, ce n'est pas l'absence, mais la présence...

Digestif : thé à la menthe (aussi appelé "whisky marocain")
Il y a des choses, ici, dont on constate qu'elles sont culturelles et qu'elles n'ont pas l'universalité qu'on leur a imaginée. Exemple facile : les toilettes, turques versus occidentales. Exemple plus délicat : ce qu'on expose et ce qu'on voile, pour qui, quand et comment. Être une femme ici et être une femme au Québec, ce n'est pas la même chose. Les codes m'échappent encore en grande partie, mais mon "étrangeté", je le sais, l'excuse le plus souvent. Ici, la sphère publique est un domaine d'hommes, auquel les femmes n'ont que peu accès. Le monde des femmes est plus retiré et discret, ce qui en rend l'approche plus difficile. Comme femmes étrangères, on se retrouve parfois dans ce "no woman's land". Nos rencontrers avec l'humanité n'en sont que plus émouvantes.