samedi 8 mai 2010

Voyage

Voyage…

Petit Larousse 2002.
Voyage : 1. Action de voyager, de se rendre ou d’être transporté dans un autre lieu; trajet ainsi fait. 2. Action de se rendre dans un lieu lointain ou étranger; séjour ou périple ainsi fait.

Voilà une définition assez large qui dit bien peu de choses. Un voyage, c’est l’action de se rendre quelque part. D’accord, mais pourquoi s’y rendre? Dans quel but? Comment? Dans un lieu lointain, mais loin comment?

Voyons voir ce que nous apprend Internet à ce sujet.

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Voilà qui ouvre un nouveau volet : le côté mercantile du voyage actuel. Voyager, c’est sortir de chez soi, aller habiter ailleurs ($), manger ailleurs ($), faire des sorties ailleurs ($). Voyager, c’est donc dépenser et toute une industrie est en place pour récupérer cet argent! La marchandisation du voyage est importante et vient avec la publicité. Qui ne rêve pas de voyager? Pourquoi cet engouement pour le voyage? Et de quel voyage parle-t-on? La plupart du temps de voyage tout inclus ou organisé, sur des plages du Sud ou dans de grandes villes européennes. Ce n’est pas ainsi que j’ai envie de voyager…

Mon idée du voyage vient de plusieurs sources : anciens voyages, lectures (la V’limeuse tout particulièrement). Je crois toutefois que ce qui a eu le plus d’influence sur ma vision du voyage, c’est mon expérience avec Mer et Monde au Sénégal en 2007. Je ne suis pas une grande « idéaliste-écologiste-utopiste ». Je ne recycle pas tout ce que je devrais, je n’achète pas bio ni équitable et je magasine parfois chez Wal-Mart. Toutefois, c’est important pour moi de voyager de façon humaine et dans le respect des habitants du lieu que je visite (du respect, ce n’est pas donner de l’argent, du savon ou des bonbons!). Je ne veux pas aller me sentir chez moi ailleurs. Je veux me sentir à ma place chez eux. C’est bien différent.

Tout ça étant dit, j’en arrive au cœur de ma réflexion. Qu’est-ce que le voyage pour moi? Voyager, c’est sortir de chez moi, mettre de côté mon confort et toutes mes idées pour aller découvrir autre chose. C’est tenter d’écarter pour un moment ma façon de penser et de percevoir afin de pouvoir en accueillir une autre. C’est accepter de vivre autrement, de regarder autrement, de penser autrement. C’est mettre mon identité en transparence afin de laisser les gens, l’environnement la modeler à leur façon. Plus tard, je déciderai ce que je garde et ce que je rejette. Si je rejette d’emblée en me cantonnant dans mes convictions, si je compare sans arrêt avec ce qui m’est familier, je me prive de toute la richesse que le voyage pourrait m’apporter.

C’est bien beau, mais comment ça se vit tout ça? Mai 2007. Nous étions 15 étudiantes qui venions de terminer notre DEC en Sciences, lettres et arts. Nous planifiions ce voyage depuis un an et demi. Nous partions un mois pour le Sénégal. Au départ, notre but était d’aller apporter notre aide à des gens dans le besoin. On a vite compris que ce n’était pas ce que nous allions réellement faire. Ces gens avaient-ils réellement besoin de notre aide? Qui étions-nous pour décider ce dont ils avaient besoin? Non, nous ne sommes pas allés leur construire un pont, trois puits et deux écoles. Nous sommes allés échanger, nous imprégner d’un lieu et d’une culture complètement différente. Nous avons exploré toute la richesse du verbe être aux dépens du verbe faire. Bien sûr, nous avons donné un coup de main pour de menus travaux, mais ce n’était pas l’essence de notre séjour à Kissane.

À Kissane, pour profiter de tout ce que les habitants avaient à m’apporter, j’ai du laisser de côté beaucoup de choses faisant partie de moi : valeurs, répugnances, croyances. J’ai dû accepter de retirer mes lunettes occidentales afin de pouvoir voir le monde à leur façon et en apprécier toutes les beautés et les subtilités. Quand je suis revenue au Québec, des gens m’ont demandé « Tu as du trouver ça difficile toute la pauvreté là-bas! ». Cette question m’a toujours un peu fâchée et troublée. Pour moi, les gens qui m’ont accueillie à Kissane n’étaient pas pauvres! Au contraire, ils avaient une richesse incroyable de partage, de coutumes, de chaleur humaine, d’entraide. Et même au plan matériel! Non, ils n’avaient pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de grande maison, peu de possessions. Ils étaient donc pauvres selon nos critères occidentaux. Mais ce qu’ils avaient leur suffisait. Ils ne vivaient pas dans la misère. Auraient-ils une meilleure qualité de vie avec plus de commodités et de biens matériels? J’en doute fortement!

Le voyage que nous entamerons bientôt est bien différent. Nous n’aurons pas la possibilité de nous imprégner des lieux et des habitants au même degré que ce que j’ai vécu en 2007. J’espère tout de même que j’aurai la chance de découvrir de nouvelles paires de lunettes afin de faire évoluer le regard que je pose sur le monde.

Geneviève

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